8 mai 2003                 Qui sommes-nous pour écrire comme nous sommes?

 

     Quelques explications pour ceux qui n'ont pas pris le site à ses débuts.

     L'histoire a commencé par des mises en ligne d'échanges épistolaires entre Félix et moi. C'était tout simple : nous avions ce genre de conversations par mail depuis longtemps! Un jour Félix s'est dit que la qualité et la pertinence des écrits valaient bien qu'on les partage, ce qui se fit le plus naturellement du monde avec le même entrain qui fut le notre depuis toujours. C'était un principe finalement assez paresseux...
     Le jeu sur des personnages qui ne nous collaient pas toujours à la peau m'a assez contrarié au début, mais finalement ces messieurs-dames un peu coincés et de bonne éducation introduisaient un élément d'autocensure qui a préservé les lecteurs d'une verve un peu...débordante à tendance crue et du langage peu châtié des sales gosses que nous sommes. Ces épisodes-là, incontournables pour notre moral, restaient dans la phrère du privé et il ne nous faudra pas oublier de brûler nos pc respectifs pour que dans un siècle ou deux, quelques fouineurs ne publient impudiquement les écrits secrets d'Elisabeth et Félix démasqués (mais c'est si facile...).

     Quoiqu'il en soit, nous sommes l'un pour l'autre un père et une fille crédibles même si le jeu ne nous intéresse pas.
Un jour Félix a décidé que j'étais assez grande pour prendre la plume toute seule. De son côté, les conditions étaient devenues telles qu'il pouvait maintenant s'éclater sans modération sur son propre espace. Nous faisons désormais sites séparés et quelques lecteurs s'en sont fort mal remis. Je les rassure au passage : aux dernières nouvelles, les rhumatismes de Félix sont couchés au coin de la cheminée et mon ami vadrouille comme jamais...

     Comme je ne me voyais pas écrire les mémoires d'une jeune fille rangée (!), j'ai plongé, encore une fois par fénéantise, dans ce qui est mon univers quotidien : la science-fiction. Je possède moi-même quelques jolis exemplaires de fantômes, d'esprits et d'anges qui gravitent autour de mon aura. Quelle est la différence entre tout ce beau monde au peu de corps? En fait, je n'ai jamais trop su : question de grade et de hiérarchie sans doute, quoiqu'il n'y ait rien de plus menteur qu'un ectoplasme...

     L'au-delà m'intrigue, c'est un fait, mais la mort ne m'intéresse pas du tout : d'abord parce que je suis immortelle, ensuite parce que d'une manière générale, je n'y crois pas. L'au-delà n'est qu'un lieu de villégiature comme un autre...Il y a des périodes de soldes belliqueuses dont je me méfie au plus haut point.

     Dieu n'est pas fréquentable et je tiens à ce que ça se sache. Je ne lui parle plus. De toutes façons, il n'articulait pas et je n'ai jamais rien pigé à ses arguments. Je ne suis pas plus impie que les autres : j'en ai vu qui mangeaient du Dieu en galettes! Et à l'église encore! Moi je dis qu'il se passe de drôles de choses dans ces lieux frais...

     Je le regrette, mais il se trouve que je ne connais pas d'extraterrestre ou alors je suis mal informée. D'où mon désintéressement pour le sujet. Je boycotte en quelque sorte .Quand ils en auront marre, ils se montreront mais il est hors de question que ce soit moi qui fasse le premier pas. Cet oubli est totalement injuste, mais les richesses sont fort mal partagées dans ce pays. Un jour j'inventerai un piège à bestioles extra solaires. J'ai cette idée pour de vrai dans la cervelle depuis un moment (vraiment...), mais j'attends qu'on agrandisse mon appartement pour les loger dans des conditions en accord avec la convention de Genève et l'ONU.

     J'ai mon permis de rêves depuis mes premières divisions cellulaires intra-utérines et je peux vous assurer qu'il y a du monde là-dedans en pyjama rayé. Détail : ceux qui ont des boulets sont des prisonniers du siècle dernier...Ne pas confondre...Je ne peux vous montrer quoique ce soit parce que je n'ai jamais bien su dessiner les personnages et qu'en cas de grande fatigue, j'ai le rêve biscornu : il manque des bras, des jambes et quelques yeux à mes invités qui à la place se retrouvent parfois avec des écailles magnifiques. Ben...ça peut toujours dépanner... Quand tout ce petit monde se met à faire des échange de pièces, la nuit y passe sans qu'on puisse rien faire d'intéressant.

     Dans les histoires d'amour, moi, je n'ai que les histoires, alors ça n'est pas rentable. Et puis il paraît que les enlèvements de l'aimée en étalon noir et cape rouge se font de moins en moins. Question d'homologation du véhicule, ou de pollution, je ne sais pas...Je me secoue actuellement les boyaux de la tête pour trouver l'accroche à la narration d'une intrigue d'amour avec un French Bond de ma connaissance, mais la Dgse me demande de remplir six formulaires en douze langues et de faire trois fois le tour de la Terre en pédalo avec un communiste sur le porte-bagage pour recevoir une homologation et un numéro de matricule. Le dernière fois, je les ai roulé avec mon numéro de sécurité sociale et je crains que ça ne marche plus. Je vais essayer le numéro de tatouage de mon chat : le temps qu'ils décodent, j'aurai fais un best-seller. En tout cas, si quelqu'un a un agent secret en jachère dans sa cabane de jardin, je suis preneuse.
      Ca ne me tente pas d'écrire (ou de décrire) une histoire d'amour. Trop convenu dans le style. Parler de sexe, encore moins. Tout le monde en a un a priori : je ne vois donc pas l'intérêt. J'ai là une histoire avec de l'amour dedans ; une intrigue à décors amoureux. Une énigme à option passionnelle. C'est tellement vrai que ça a l'air faux. J'ai déposé un brevet sur le scénario.

     Il m'est impossible d'écrire des nouvelles policières, parce que je ne suis jamais sortie avec aucun truand du grand banditisme. C'est triste, mais c'est comme ça. Personne n'est parfait...

     Que fais-je quand je n'écris pas ? Je parle. C'est la même chose en plus bruyant. Aïe!

     Je n'ai pas de maître en écriture, n'ayant suite à un mauvais dressage pas vocation à jouer les esclaves baveuses. La seule méthode que j'envisage pour m'approprier les qualités d'un écrivain, c'est le cannibalisme...Alors...

     Message personnel à l'attention de monsieur Bernard Werber, l'écrivain qui gratouille les fourmis avec son pinceau à autographes : "si vous ne lisez pas mes nouvelles, envoyées gentiment à l'unité, je réécrirai les vôtres...en mieux". Ceci est une menace strictement anonyme qui n'engage pas la responsabilité de la personne supposée l'avoir écrite dans la mesure où la victime est supposée ne pas l'avoir lue (!?!).
Mais après, il ne faudra pas qu'il vienne chouiner à ma porte avec un scarabée en laisse pour m'attendrir. J'ajoute que ce gars ne se rend pas du tout compte que je suis capable de me pointer un soir de pleine lune devant sa fenêtre pour lui chanter mes textes à la mandoline et jurer à sa femme que si, si, avec un peu de vitamines, il peut faire un excellent amant...

     Un jour, j'ai décidé d'offrir à mon fidèle PC un nettoyage digne des services rendus. J'ai donc retiré toutes les touches du clavier, je les ai frictionnées à l'eau de Cologne en bonne mère, mais au moment de les rendre à leurs niches, j'ai pris conscience que je ne connaissais rien de leur ordre d'affectation ni à la hiérarchie du corps. J'ai pu convaincre chacune de regagner une couche mais je ne suis pas sure que la géographie locale en soit respectée. Ma dyslexie résiduelle en a mangé ses neurones. Ceci explique tout ce qui dans mes écrits n'a pas d'explication...

Aux lecteurs fidèles et aux convertis. Puissent-ils faire oeuvre de prosélytisme...

 

 

à compter du 14 mai 2003