Voyez mon cher Félix
mon peu d'intérêt pour l'ésotérisme quand
le monde quotidien est si plein d'étrangetés du genre.
Je préfère l'incongruité au paranormal parce que
là, je domine presque toujours la situation. J'ai si sauvagement
combattu ces phénomènes du genre de ceux que vous m'évoquez
que je ne suis pas sure de pouvoir encore en parler. Ikéa ne
fera pas fortune avec moi : le premier verre qui bouge, je lui coupe
le pied sans sommations.
Ne croyez pas vous en tirer
à si bon compte, maintenant que j'ai ouvert ce dossier. Je songe
à votre tête, si c'était vous qui aviez vécu
l'expérience que j'ai rapportée dans mon précédent
courrier. Paraphrasant Goebbels et vous imaginant, colt au côté,
j'écrirais : "Quand j'entends le mot paranormal, je sors
mon revolver !".
Les expériences dont je vous
ai parlé dans mon courrier précédent ne m'ont pas
terrifié, du tout, mais m'ont prodigieusement intrigué.
Je reste sûr de mon coup. Comme disent les scientifiques, le protocole
expérimental excluait tout artefact.
Il y a une bonne douzaine d'années
j'avais assisté à une conférence d'un certain Etienne
Guillé, biologiste et chercheur au CNRS. Celui-ci avait commencé
par nous dire que l'ADN portait dans ses anneaux des métaux.
Ma foi, pourquoi pas ? Information supplémentaire : ces métaux
étaient des "métaux alchimiques". Why not ?
Guillé nous présenta ensuite son instrument
de travail favori : le pendule. Il prétendait que celui-ci réagissait
de manière parfaitement codée si on le plaçait
au dessus de métaux alchimiques, comme le soufre, le mercure,
etc. Par exemple, confronté à cette substance il décrivait
ce qu'il appelait "la croix du soufre" : une suite de deux
oscillations pratiquement orthogonales. Selon lui l'orientation de cette
"croix du soufre" dépendait des individus. En déterminant
celle-ci on pouvait ainsi en quelque sorte "étalonner"
l'instrument de mesure humain. Poussant les choses encore plus loin,
il prétendait que le pendule réagissait non seulement
à la substance en question, mais au simple symbole alchimique,
dessiné sur une feuille. Je lui ai alors posé la question
"et qu'en est-il d'expériences à l'aveugle ?".
Par là j'entendais qu'on pouvait envisager un protocole où
on aurait présenté les substances dont la nature aurait
été cachée à ses yeux, ou des symboles alchimiques
dessinés sur des morceaux de papiers, eux-mêmes enfermés
dans des enveloppes. Et Guillé de me répondre, avec un
air las :
- Parce que vous en êtes encore là ?
J'ai eu d'autres expériences
assez curieuses. Un de mes amis prétendait avoir construit un
système émettant des sortes d'ondes psychiques. A l'entendre
cette émission aurait été absolument extraordinaire.
Tous les membres de son équipe la détectaient aisément,
me disait-il. Un jour, ils avaient même fait venir un médium
qui, placé dans "l'axe de tir de l'appareil" se serait
immédiatement agité sur son siège en disant : "arrêtez,
c'est trop !". Bref j'ai fini un jour par me retrouver assis face
à ce "canon à ondes psychiques", un truc à
vous griller un chakra à dix mètres, selon ses dires.
Nous avons expérimenté pendant plusieurs heures. J'avoue
que je ne sentais pas grand-chose, quel que soit le niveau de puissance
affiché ou la fréquence choisie. J'ai fini par proposer
une méthode dite "de choix forcé", pour tirer
cela un peu au clair. Ça n'est pas une chose bien compliquée.
Au lieu de présenter au sujet ce qu'on appelle un stimulus, on
les lui présente par couples. Imaginez que la manip consiste
à essayer de déterminer votre seuil de perception de signaux
en très faible luminosité. C'est en servant de sujet dans
ce type d'expérience, pour une amie qui travaillait dans une
fac, que j'avais fait connaissance avec cette méthode. On vous
place d'abord une bonne demi-heure dans une obscurité totale.
Puis l'opérateur, qui vous a au départ averti que les
signaux se présenteraient par couples, expliqué la méthode,
vous annonce :
- Premier essai.....
- Second essai....
Il y un stimulus, mais dans
un des essais seulement, et celui-ci est inscrit aléatoirement
dans l'essai1 ou dans l'essai2 selon un technique de simple pile ou
face, avant le démarrage du protocole expérimental. On
ne vous demande alors pas de répondre si vous avez eu la sensation
de percevoir quelque chose, mais dans quel essai ce stimulus vous semblait
avoir le plus de chance de se trouver. Quand la puissance lumineuse
devient très faible on a l'impression qu'il ne se passe rien
du tout, qu'aucun signal n'est présent et on répond, croît-on,
au petit bonheur la chance.
En fait, si "le stimulus était égal
à zéro" la performance de bonnes réponses
serait de ... 50 % . Or ces expériences sur le système
sensoriel montrent qu'il existe des niveaux de subceptions et que la
performance peut être significativement supérieure à
50 % alors que le sujet garde l'impression de n'avoir rien vu du tout.
Le même type d'expérience peut être conduit avec
l'audition ou le toucher. C'est amusant.
J'ai donc proposé à mon ami de monter
ce type de protocole, après le lui avoir expliqué. Nous
avons ensuite manipé de nouveau. Au résultat, mon pourcentage
de bonnes réponses était très proche de 50 %, ce
qui signifiait que, même sur un mode subceptif, je n'avais perçu
aucun signal. Nous en conclûmes que je n'étais pas un bon
sujet pour ces expériences "psy".
Les choses se compliquèrent quand je
lui proposai d'être lui-même sujet de l'expérience,
toujours selon ce protocole du "choix forcé". Performance
... identique. Même chose pour un autre membre de son équipe.
Je pris diplomatiquement congé. J'ignore ce que sont devenues
ces recherches sur le canon à "Zorglonde".
Tout cela pour dire que j'essaye,
dans une certaine mesure de ne pas prendre le Pirée pour un homme.
Inversement, je me souviens d'anecdotes assez savoureuses, qui remontent
à quelques décennies. A cette époque j'étais
assez entiché de graphologie. Ca n'est pas une approche dénuée
d'intérêt. L'écriture est un geste comme un autre.
Vous mêmes, vous observez les attitudes des gens, la façon
dont ils se tiennent, dont ils se déplacent, le mouvement de
leurs yeux, leurs mimiques. Un psychologue averti est capable de décoder
pas mal de choses de "ces gestes qui nous trahissent". De
même il est logique qu'on puisse tirer quelques renseignements
de la pression d'une écriture, de la taille des lettres, de la
régularité ou de l'irrégularité de l'écrit.
Certaines personnes sont capables de créer, sur une feuille totalement
blanche, des marges égales au demi millimètre près,
d'inscrire des lignes parfaitement horizontales. D'autres en sont foncièrement
incapables. Tous ces indices que relève le graphologue et qui
sont associés non à une origine unique mais à une
palette d'origines possibles lui permettent de tenter de recomposer
la personnalité de l'auteur du document qu'il analyse. Si vous
en êtes curieuse, le meilleur ouvrage sur le sujet est sans doute
celui du Suisse Pulver, intitulé "Le symbolisme de l'écriture",
paru chez Stock, mais vraisemblablement épuisé. L'école
française de graphologie (Crépieux-Jamin) est beaucoup
moins intéressante.
Bref à l'époque je faisais un graphologue
assez convenable, tant que le problème n'était pas trop
complexe. A titre anecdotique je vous dirais que l'écriture révèle
la tension sous-jacente. Les gens qui s'efforcent de dissimuler un maximum
de choses, qui sont de véritables "sacs d'embrouilles",
le révèlent sans le savoir dans leur écriture et
en particulier dans leur signature. Certains faussaires soignent à
merveille leur présentation, en oubliant que leur signature,
pleine de lassos prêts à saisir le client, les révèle
mieux qu'une radioscopie. D'autres, qui cachent du mieux qu'ils peuvent
une agressivité épouvantable, peulent leurs mots de dards
prêts à jaillir, abrités sous quelques rondeurs,
tels les cnydocytes des méduses.
Me voilà donc un jour chez un ami, dans
une telle belle propriété. Une femme, la Comtesse de R.
me donne une lettre à analyser. Il y avait gros à parier
qu'il s'agissait d'une missive écrite par son époux, son
fils ou son amant. En principe on arrive assez facilement à détecter
le sexe dans l'écriture. J'analyse le document de mon mieux.
J'y trouve des traits assez communs : de l'ambition, des complexes d'infériorité,
une sensualité assez peu épanouie, un aptitude certaine
au calcul. La dame se déclare impressionnée et me demande
si, à travers l'écriture il ne me serait pas possible
de découvrir l'aspect physique de la personne. A la surprise
de mon ami Louis, qui m'avait amené chez ces gens, je répond
que cela pourrait être possible, mais qu'il me faudrait "de
la concentration, du silence". Je demande de baisser la lumière.
Puis, après plusieurs minutes passées, les deux mains
à plat sur le document et les yeux fermés, je décris
un homme de petite taille, blond, le nez aquilin. L'assistance manifeste
son étonnement.
J'avais fait le pari qu'il pouvait s'agir de
son époux, qui menait dans la région des opérations
immobilières fort juteuses, mais que je n'étais pas censé
avoir rencontré à ce jour.
Quand nous quittâmes les lieux, mon ami Louis me questionna :
- Mais, comment as-tu fait ? Où as-tu appris
un tour de ce genre ?
- La réponse est simple. Il y a quelques mois nous étions
à Paris, dans ta voiture, place de l'Etoile. Soudain tu m'as
dit "tiens, voilà le Comte de R, cette fieffée crapule
!". Et j'ai vu passer une voiture décapotable conduite par
un blondinet au nez aquilin dont la tête dépassait à
peine de la portière.
Mon ami fut apparemment rassuré.
Avoir des amis qui ont des pouvoirs, c'est toujours inquiétant.
Quelques mois plus tard nous étions tous deux invités
chez ce Comte de R, dans son hôtel particulier de la rue de Lille.
Dès que nous arrivâmes il me tomba dessus :
- J'ai entendu parler de vos extraordinaires compétences
de graphologue, de la façon dont vous pouviez voir le visage
des gens à travers une simple feuille de papier ! ....
Louis riait sous cape. Notre
hôte nous entraîna dans un immense salon en nous déclarant
:
- Je suis heureux de vous faire visiter cette pièce,
que je viens de faire refaire entièrement. Comme vous le voyez,
elle est décorée de nombreux éléments dorés
à la feuille. Certains avaient été gâtés
par le temps. J'ai fait refaire ces pièces par un artiste étonnant,
qui ferait un remarquable faussaire. En fait, même un expert aurait
du mal à découvrir quelles sont les parties qui ont été
refaites.
Je m'arrêtai à
l'entrée de la pièce et à quinze mètres
de ces décors, semblais connaître une sorte de transe.
Je mis mes deux mains sur mes yeux et déclarai :
- Je pense qu'il s'agit de la partie supérieure
du trumeau et de la cariatide droite de la cheminée, celle qui
représente un lion.
Le Comte resta interdit. Le
dîner se déroula dans un ambiance à couper au couteau.
Je voyais des regards inquiets de gens qui me croyaient désormais
capable de lire dans leurs pensées les plus secrètes.
J'ai eu un mal fou à conserver mon sérieux. Quand nous
repartîmes dans la voiture de Louis, celui-ci me lâcha,
avec une voix mal assurée :
- Et cette fois, c'est quoi ? ......
- Eh bien, figure-toi, mon ami, que cet homme, celui qui a restauré
ces objets, je le connais. C'est un de mes vieux amis. Son atelier de
dorure à la feuille est dans le Marais. La dernière fois
que je suis passé le voir, il y a quelques semaines, il finissait
une commande et il s'agissait de ces pièces que j'ai identifiées
dans le salon.
Si j'avais voulu jouer sur ces
coïncidences, j'aurais pu naviguer dans cette société,
fort ennuyeuse au demeurant, en y jouant les extra-lucides de salon.
Beaucoup d'escrocs ne font rien d'autres que d'exploiter habilement
de telles situations, qui donnent à leur bénéficiaire
un crédit durable et, par la suite, un large droit à l'erreur,
ou à la médiocrité. Mais convenez que cette histoire
de verre et de plateau tournant est d'une autre essence. S'il y a un
artefact, franchement, je ne le vois pas. Je regrette que vous ne tentiez
pas l'expérience, mais à en croire votre dernière
phrase, je crois que cela ne serait pas sans quelque appréhension.
Toujours est-il
qu'après avoir participé à ces quelques séances
je décidai de me documenter. Un ingénieur-conseil a des
dossiers. A chaque fois qu'il aborde un nouveau domaine, il doit créer
un nouvel espace dans sa documentation. Bref, je pris un gros classeur
en carton sur lequel j'inscrivis "paranormal". J'ai donc lu
tout ce qui me tombait sur la main. D'abord les ouvrages qui étaient
dans la bibliothèque de l'Angerie, puis d'autres livres. De ces
lectures on retire une chose : l'univers serait une sorte d'empilement,
de juxtaposition de mondes "parallèles". En fait, ces
notions semblent faire irruption en Europe au dix-neuvième siècle,
après que d'honorables majors Anglais aient été
collecter ces idées auprès de Saddhus des bords du Gange
ou d'ailleurs. Cela a laissé chez nous ce qu'on appelle le spiritisme,
la médiumnité, le talent du guérisseur. Se sont
créés également de nombreux cercles dits "ésotériques".
Dixit le Larousse, le mot ésotérique se réfère
à toute "doctrine secrète".
Il y a quand même une sorte de leit-motiv
:
Ce qui est en haut est comme ce qui
est en bas.
Traduction : toutes les choses
du monde sensible auraient leur contrepartie dans le monde invisible.
Celui-ci ne serait ni tangible, ni perceptible, du moins à l'aide
de nos organes sensoriels. J'ai lu plusieurs ouvrages de la main d'un
major de l'Armée des Indes qui sont assez intéressants.
Bien sûr, tout cela part de l'Inde Ancienne. Dans ce pays, toutes
ces choses sont considérées comme parfaitement normales.
Selon ces doctrines ésotéristes ce monde invisible serait
lui-même stratifié de manière complexe. Autant que
je me rappelle il y aurait le monde "Astral", le monde "Etherique",
le monde "Mental", etc... et nous, autres, pauvres occidentaux,
aurions bien du mal à nous y retrouver, surtout quand ces mondes,
ces mécanismes, ces fonctions, sont étiquetés avec
des mots issus du sanscrit. Mais, fait intéressant, ces mondes
seraient quand même constitués de "particules subtiles",
ils seraient... corpusculaires. Sont-ils réglés par une
.. métaphysique-métaquantique ? Ça, je ne saurais
le dire, mais l'idée ne manque pas de saveur. On peut toujours
essayer de la chevaucher pour voir où elle nous mène.
Méta veut dire "au-delà", me dites-vous. Cela
évoque quelque chose de complémentaire et en même
temps de distinct. Dans ma tête j'imagine deux mondes qui seraient
comme les deux côtés d'une même surface.
Pour les ésotéristes, tout objet
de l'univers doit être associé à un méta-objet.
Il y a des atomes ? Donc il doit exister des méta-atomes. La
lumière émet des photons ? Alors le Soleil doit aussi
émettre des "méta-photons". Etc....
A notre corps physique nous associerons un "corps
astral" (en fait, selon les hindouistes, composé de plusieurs
corps emboîtés comme des poupées russes).
Vous me suivez toujours ? J'espère
que vous ne baillez pas !
Dans la bête physique,
le Soleil émet deux types de particules : les photons et les
neutrinos, issus des réactions nucléaires qui se produisent
dans sa chaudière centrale. Pour les Indiens, cette lumière
visible, c'est "Fohat". C'est elle qu'on ressent, qui nous
fait bronzer l'été, qui nous réchauffe. C'est cette
énergie que nous percevons avec plusieurs capteurs : les cellules
de notre rétine et les capteurs infrarouges de notre peau. Mais,
selon la tradition indienne, le Soleil émettrait deux autres
formes d'énergie :
- Prana
- Kundalini
Le prana serait très important
pour l'état de santé. En fait, cette énergie ne
serait pas absorbée par la peau, ou détectée par
la rétine. Elle serait captée par des "méta-molécules",
qui seraient en quelque sorte les "mini corps astraux de molécules
présentes dans l'air que nous respirons". Ainsi, le prana,
ça s'inhale. C'est une forme de "nourriture" au sens
où cette entité véhiculerait ce qu'on pourrait
appeler une "méta-énergie". Et c'est là
que les choses deviennent très amusantes. Dans le monde physique
nous nous nourrissons en absorbant des aliments. Nous avons aussi besoin
de l'oxygène de l'air pour entretenir notre biochimie (alors
que les végétaux ne sauraient vivre sans ... gaz carbonique
). Dans notre corps, différents organes assurent l'extraction
de cette énergie biochimique, stockée au départ
dans les végétaux, sans lesquels nous ne saurions survivre.
Eux-mêmes stockent dans des biomolécules une énergie
primaire qui n'est autre que la lumière du Soleil. Nous avons
un système permettant de dispatcher cette bio-énergie
dans toutes les parties de notre corps : notre système vasculaire.
Celle-ci se trouve dégradée. Il y a des déchets
que nous devons évacuer, dans le fèces et l'urine et accessoirement
dans la transpiration. Les Indouïstes nous apprennent qu'il en
est de même pour le prana. Mais les organes qui assurent la métabolisation
de cette énergie, son acheminement et la dégradation des
déchets seraient alors des ... méta-organes. Pendant qu'on
y est .....
Ainsi le "méta-foie"
est le "chakra splénique", méta-organe qui se
localiserait au même endroit que la rate, l'organe et le méta-organe
n'ayant en commun que leur simple proximité géographique
dans le corps. Le système qui acheminerait l'énergie serait
voisin du système nerveux. Cela correspondrait en fait auréseau
connu des acupuncteurs. Le système méta-excrétoire,
ne serait autre que ...le système pileux. C'est la raison pour
laquelle les Saddhus ont des barbes et peut-être pour laquelle
les "hommes de Dieu", dans la Bible, étaient "nazir",
c'est à dire ne devaient pas se raser. N'importe quel Taliban
vous dirait peut être qu'être bien poilu et barbu est la
meilleure façon de se dégager de ses mauvaises énergies.
Les fameux "chakras" ne
sont donc pas des bio-structures, et on ne les découvrira pas
à l'aide du meilleur des microscopes. Ce seraient, selon ces
textes traditionnels, des méta-organes. Le chakra de la communication
"méta-vocale", qui fait à la fois office d'émetteur
et de récepteur se situerait au niveau de la thyroïde. La
méta-vision relèverait du "troisième oeil",
situé sur le front. Nous serions censés posséder
un chakra de la communication "empathique" au niveau du sternum,
pratiquement dans la région du coeur.
Mais, quel rapport avec les
verres qui bougent, me direz-vous ?
Si je continue à dérouler
ces thèmes traditionnels, cela nous amène à envisager
que, s'il y a de la lumière et de la méta-lumière,
de la bouffe et de la méta-bouffe, que cohabitent en une même
région de l'espace l'homme en tant qu'assemblage de bio-molécules
et ce qu'on pourrait appeler un "méta-homme". Ce "méta-homme"
serait "en poupées russes", une juxtaposition de "corps",
d'ensembles constitués de "particules subtiles". De
manière très sommaire, nous pourrions regrouper tout cela
sous un même vocable : "corps astral". Ainsi
tout être humain se baladrait-t-il en charriant avec lui son corps
astral qui le suivrait... comme son ombre. On l'appelle aussi "aura".
Cet ensemble ne coïnciderait pas totalement avec le corps physique.
Je vous ai dit tout à l'heure que les êtres
humains seraient dotés d'organes assurant les perceptions sensorielles
et d'autres prenant en compte les perceptions extra-sensorielles. Logique
: s'il existe des méta-corps, il faut un émat-oeil pour
les voir. Et ce méta-oeil, c'est "le troisième oeil",
ce chakra situé au milieu du front. Lorsqu'on a appris à
passer en perception extra-sensorielle il paraît qu'on voit tout
simplement les corps astraux des gens. Ceux-ci seraient semblables à
des nébulosités aux contours vagues. On pourrait les comparer
à un banc de minuscules poissons. Ca n'est pas une structure
"cristalline" où les éléments sont solidement
liés les uns aux autres. Le corps astral a la réputation
de se comporter comme un .. fluide coloré. Il est également
turbide, sans cesse en mouvement. J'ai lu que les chakras étaient
des sortes de vortex permanents. Lorsqu'on a un chakra qui tourne mal,
il paraît que c'est très maubais signe.
L'extension de ce corps astral serait une mesure
de l'état de santé de la personne. Quelqu'un de déprimé
aurait parait-il un corps astral qui se plaquerait à son corps
comme une vulgaire chemise. A l'inverse, la pleine forme, ça
serait le corps astral à dix ou quinze centimètres du
corps, carrément.
Localement, des couleurs seraient révélatrices
des affects. Je ne me souviens plus du code des couleurs indiqué
par le Major de l'Armée des Indes, mais je crois que quelqu'un
qui a de vilaines pensées aurait un corps astral plein de taches
sombres. A l'inverse, du mystique émanerait une lumière
jaune-dorée. Ce ne sont pas les occidentaux qui le disent, mais
les Indous qui l'ont écrit, il y a des milliers d'années.
Et notre major Anglais de conclure que cette perception du corps astral
de "saints" aurait donné naissance au concept d'auréole,
bien visible dans les icônes des orthodoxes.
Quelqu'un qui est près de décéder
aurait un corps astral carrément gris-vert (vert-de-gris). Certains
médiums, percevant les corps astraux des gens, seraient à
même de détecter chez eux les affections dont ils souffrent,
voir de prédire leur mort prochaine.
En règle général, à
travers cette perception extra-sensorielle, tout ce qui est vivant est
coloré, comme un être humain, un animal ou une fleur. Inversement
"l'inanimé" est "gris, ou "gris-vert".
J'en viens à cette
histoire de spiritisme, directement liée au devenir post-mortem.
Selon la tradition ésotérique, quand on décède,
le corps astral se détacherait du corps physique. Les deux cesseraient
d'être reliés. Cela fournirait une explication au fameux
phénomène des "NDE" (near death experiments)
ou états proches de la mort. Des états prétendument
vécu par des gens en "coma dépassé",
cliniquement morts, par exemple sur des tables d'opération, mais
qui auraient, un instant, été se balader au dessus de
leur propre corps, voire dans le couloir voisin, en rapportant parfois
des faits dont ils ne pouvaient, rivé à leur bloc opératoire,
avoir été témoins.
Là, j'ai une expérience
dont je dois faire état. Cela remonte à plus de vingt
cinq ans. Ma mère est morte d'un cancer au foie. Je n'ai pu être
présent au moment même de son décès. Je me
suis simplement rendu à la clinique quand elle était déjà
entrée dans le coma. Puis elle est morte. En inventoriant ses
affaires, j'ai trouvé dans un carnet des notes rédigées
à l'attention de ses enfants. Elle y avait fait figurer quelques
dispositions testamentaires additionnelles et souhaits. Mais elle avait
également consigné, au crayon, un récit qui me
sembla à l'époque totalement surréaliste, ou lié
à quelque délire dû à un empoisonnement par
des toxines. Ca n'est que bien des années plus tard, découvrant
ce thème dans un livre du journaliste Van Eersel "La source
noire" que je pus identifier le récit de ma mère
avec une NDE absolument caractéristique. Et je puis vous assurer
que ma mère ne s'était jamais intéressée
à ce genre de sujet, dont elle ignorait, comme moi, l'existence.
Bref, quand nous mourons,
c'est une NDE qui se prolonge indéfiniment. Les textes indouïstes
insistent beaucoup sur le fait que les gens doivent être préparés
à ce genre de situation car, s'ils en ignorent tout, dans un
premier temps ils ne comprennent même pas qu'ils sont morts et
ils restent comme des cons à côté de leur cadavre.
Il paraît que certains assistent même à leur enterrement.
Ainsi, lorsqu'on vient de décéder,
on appartient à un monde différent, qui obéit à
des lois différentes. Sous forme de corps astral (nous d'irions
"d'esprit") l'être humain n'a plus de prise physique
sur les objets. Il devient incapable de s'accrocher à une rampe
d'escalier ou même simplement de marcher. Les "méta-pieds"
ne sont simplement pas des organes de locomotion, de même que
les "méta-mains" ne peuvent nous servir à saisir
quoi que ce soit. Le major Anglais parle d'une personne décédée
qui avait essayé pendant un bon moment de se déplacer
dans une pièce en y effectuant des mouvements de natation. Comment
se déplace-t-on alors ? Tenez-vous bien : par la pensée.
Le simple souhait de se déplacer créerait le mouvement,
avec plus ou moins de facilité.
Ceci étant, s'élever
dépend du vécu de la personne décédée.
Ne batifole pas dans l'azur qui veut. Il n'y a que les gens "bien"
qui peuvent "monter vers la lumière". Ce n'est pas
moi qui le dit, ce sont les textes de la tradition. Que font les autres
?"Il errent comme des âmes en peine". C'est ce que les
ésorétistes appellent le "monde du bas-astral"
et ce serait avec de telles entités désincarnées
que les gens pratiquant le spiritisme se mettraient en contact. D'où
le peu d'intérêt de l'opération.
On connaît le grand succès
du "minitel rose" à ses débuts. Maintenant c'est
une mode qui a un peu passé, peut-être supplantée
par des moyens plus sophistiqués, comme Internet. J'ai vu une
fois mon neveu me faire une démonstration de connexion sur une
"messagerie rose" en utilisant son Minitel. Toutes les personnes
connectées s'abritent derrière des pseudonymes et on ne
sait finalement absolument pas qui est qui. L'impression dominante,
étant donné le défoulement et les fantasmes les
plus débridés qui semblent se manifester à travers
ces dialogues et que "des Pénélopes de banlieue tentent
de se faire passer pour des amantes libérées", et
le tout à l'avenant.
En faisant le parallèle, lorsqu'on
invoquerait les esprits, on tomberait sur le premier zigoto du bas astral
qui passerait par là et qui, lisant dans votre "banque de
donnée personnelle" pourrait à la rigueur vous faire
quelques révélations intéressantes. Comme dans
le Minitel Rose, il importerait de se présenter au plus vite
sous un jour intéressant pour accrocher l'attention. D'où
le fait que nombre d'esprits en maraude se présenteraient avec
des identités d'emprunt, comme Napoléon, ou Cléopâtre.
Ceci étant, si un jour on en a marre du Minitel, rien n'oblige
la personne à se connecter de nouveau. Par contre, dans le spiritisme,
vous risquez de laisser "vos coordonnées" à
un esprit qui s'emmerde et qui essayera de s'occuper en entrant de nouveau
en contact avec vous, à votre corps défendant. C'est paraît-il
le risque de la pratique intensive de ce sport. J'ai entendu cela cent
fois.
Décevant, non ? Dans un certain
sens, oui. Mais fallait-il s'attendre à ce que la métaphysique
soit un fruit qui se laisse cueillir avec facilité ?
Dans un autre courrier j'aborderai
d'autres sujets. Je ne prétend nullement savoir quoi que ce soit
avec certitude. j'ai simplement une fois lu une phrase d'Edelman, prix
Nobel de neurosciences, qui avait écrit un jour :
- Un jour nous saurons construire des robots pensants
et conscients.
Y a-t-il un
philosophe dans la salle ?
Amicalement
Félix
à compter du 2 décembre 2001