26 novembre 2001

 

     Chère Elisabeth,

     Je découvre votre profession : négresse. Extraordinaire ! Je ne savais pas comment ces choses se passaient. Assez simplement, semble-t-il. Tout est une question de rémunération. Il vaut mieux à tout prendre, toute honte bue, être le nègre de quelqu'un qui vend bien, "en tête de gondole", que de végéter avec des livres que l'on signe soi-même. J'ai des amis auteurs qui tirent sacrément le diable par la queue. Un jour j'étais avec l'un d'eux à la terrasse d'un café. Il avait du passer une fois à la télévision régionale. Nous prenions un pot avec sa fille, quinze ans. Soudain un commerçant sort d'une boutique voisine (je crois me rappeler que c'était le boucher !) et va vers mon ami, lui demandant un autographe, le premier de sa vie ! Il s'exécute. Sur ce sa fille (les enfants sont sans pitié) lui dit :

- Il t'a pris pour qui ?

     Content que vous commenciez à avoir confiance en moi, un peu. A propos de ma remarque sur les châtiments corporels, je dirais seulement qu'après ce qu'on voit à la télévision quotidiennement, on ne sait plus trop quoi penser. Dans la Bible on trouve la loi du Talion, qui m'avait toujours beaucoup choqué. Ces jours derniers j'ai vu deux images se succéder, à la télévision. Dans la première on voyait un ex-ministre des Talibans, apparemment "récupéré" par l'Alliance du Nord, qui évoquait sans complexe les conséquences de l'application de la Charria dans le pays, entre autre ces centaines de mains et de pieds coupés (pratiques, rappelons-le, courantes depuis toujours en Arabie Saoudite, ce qui n'a jamais dérangé personne). Dans la seconde on voyait un pauvre diable à qui on avait coupé une main et un pied mais "chirurgicalement et sous anesthésie", dans un stade, pour servir d'exemple. Or qu'est-ce que c'est que voler ? On ne va pas me faire croire que ces ministres Talibans n'ont pas un petit peu volé, eux aussi, mais avec des comptes en Suisse, proprement. Je trouve qu'on devrait prendre cet ex-ministre, qui trouve cette loi si "normale", l'amputer lui aussi d'un main et d'un pied, dans la meilleure clinique de la ville, et lui dire ensuite : "maintenant, si vous voulez un siège au gouvernement, pas de problème".

.     Je reprends votre dernière phrase :

     Voyez mon cher Félix mon peu d'intérêt pour l'ésotérisme quand le monde quotidien est si plein d'étrangetés du genre. Je préfère l'incongruité au paranormal parce que là, je domine presque toujours la situation. J'ai si sauvagement combattu ces phénomènes du genre de ceux que vous m'évoquez que je ne suis pas sure de pouvoir encore en parler. Ikéa ne fera pas fortune avec moi : le premier verre qui bouge, je lui coupe le pied sans sommations.

    Ne croyez pas vous en tirer à si bon compte, maintenant que j'ai ouvert ce dossier. Je songe à votre tête, si c'était vous qui aviez vécu l'expérience que j'ai rapportée dans mon précédent courrier. Paraphrasant Goebbels et vous imaginant, colt au côté, j'écrirais : "Quand j'entends le mot paranormal, je sors mon revolver !".

   Les expériences dont je vous ai parlé dans mon courrier précédent ne m'ont pas terrifié, du tout, mais m'ont prodigieusement intrigué. Je reste sûr de mon coup. Comme disent les scientifiques, le protocole expérimental excluait tout artefact.
  Il y a une bonne douzaine d'années j'avais assisté à une conférence d'un certain Etienne Guillé, biologiste et chercheur au CNRS. Celui-ci avait commencé par nous dire que l'ADN portait dans ses anneaux des métaux. Ma foi, pourquoi pas ? Information supplémentaire : ces métaux étaient des "métaux alchimiques". Why not ?
   Guillé nous présenta ensuite son instrument de travail favori : le pendule. Il prétendait que celui-ci réagissait de manière parfaitement codée si on le plaçait au dessus de métaux alchimiques, comme le soufre, le mercure, etc. Par exemple, confronté à cette substance il décrivait ce qu'il appelait "la croix du soufre" : une suite de deux oscillations pratiquement orthogonales. Selon lui l'orientation de cette "croix du soufre" dépendait des individus. En déterminant celle-ci on pouvait ainsi en quelque sorte "étalonner" l'instrument de mesure humain. Poussant les choses encore plus loin, il prétendait que le pendule réagissait non seulement à la substance en question, mais au simple symbole alchimique, dessiné sur une feuille. Je lui ai alors posé la question "et qu'en est-il d'expériences à l'aveugle ?". Par là j'entendais qu'on pouvait envisager un protocole où on aurait présenté les substances dont la nature aurait été cachée à ses yeux, ou des symboles alchimiques dessinés sur des morceaux de papiers, eux-mêmes enfermés dans des enveloppes. Et Guillé de me répondre, avec un air las :

- Parce que vous en êtes encore là ?

    J'ai eu d'autres expériences assez curieuses. Un de mes amis prétendait avoir construit un système émettant des sortes d'ondes psychiques. A l'entendre cette émission aurait été absolument extraordinaire. Tous les membres de son équipe la détectaient aisément, me disait-il. Un jour, ils avaient même fait venir un médium qui, placé dans "l'axe de tir de l'appareil" se serait immédiatement agité sur son siège en disant : "arrêtez, c'est trop !". Bref j'ai fini un jour par me retrouver assis face à ce "canon à ondes psychiques", un truc à vous griller un chakra à dix mètres, selon ses dires. Nous avons expérimenté pendant plusieurs heures. J'avoue que je ne sentais pas grand-chose, quel que soit le niveau de puissance affiché ou la fréquence choisie. J'ai fini par proposer une méthode dite "de choix forcé", pour tirer cela un peu au clair. Ça n'est pas une chose bien compliquée. Au lieu de présenter au sujet ce qu'on appelle un stimulus, on les lui présente par couples. Imaginez que la manip consiste à essayer de déterminer votre seuil de perception de signaux en très faible luminosité. C'est en servant de sujet dans ce type d'expérience, pour une amie qui travaillait dans une fac, que j'avais fait connaissance avec cette méthode. On vous place d'abord une bonne demi-heure dans une obscurité totale. Puis l'opérateur, qui vous a au départ averti que les signaux se présenteraient par couples, expliqué la méthode, vous annonce :

- Premier essai.....
- Second essai....

    Il y un stimulus, mais dans un des essais seulement, et celui-ci est inscrit aléatoirement dans l'essai1 ou dans l'essai2 selon un technique de simple pile ou face, avant le démarrage du protocole expérimental. On ne vous demande alors pas de répondre si vous avez eu la sensation de percevoir quelque chose, mais dans quel essai ce stimulus vous semblait avoir le plus de chance de se trouver. Quand la puissance lumineuse devient très faible on a l'impression qu'il ne se passe rien du tout, qu'aucun signal n'est présent et on répond, croît-on, au petit bonheur la chance.
    En fait, si "le stimulus était égal à zéro" la performance de bonnes réponses serait de ... 50 % . Or ces expériences sur le système sensoriel montrent qu'il existe des niveaux de subceptions et que la performance peut être significativement supérieure à 50 % alors que le sujet garde l'impression de n'avoir rien vu du tout. Le même type d'expérience peut être conduit avec l'audition ou le toucher. C'est amusant.
   J'ai donc proposé à mon ami de monter ce type de protocole, après le lui avoir expliqué. Nous avons ensuite manipé de nouveau. Au résultat, mon pourcentage de bonnes réponses était très proche de 50 %, ce qui signifiait que, même sur un mode subceptif, je n'avais perçu aucun signal. Nous en conclûmes que je n'étais pas un bon sujet pour ces expériences "psy".
    Les choses se compliquèrent quand je lui proposai d'être lui-même sujet de l'expérience, toujours selon ce protocole du "choix forcé". Performance ... identique. Même chose pour un autre membre de son équipe. Je pris diplomatiquement congé. J'ignore ce que sont devenues ces recherches sur le canon à "Zorglonde".

   Tout cela pour dire que j'essaye, dans une certaine mesure de ne pas prendre le Pirée pour un homme. Inversement, je me souviens d'anecdotes assez savoureuses, qui remontent à quelques décennies. A cette époque j'étais assez entiché de graphologie. Ca n'est pas une approche dénuée d'intérêt. L'écriture est un geste comme un autre. Vous mêmes, vous observez les attitudes des gens, la façon dont ils se tiennent, dont ils se déplacent, le mouvement de leurs yeux, leurs mimiques. Un psychologue averti est capable de décoder pas mal de choses de "ces gestes qui nous trahissent". De même il est logique qu'on puisse tirer quelques renseignements de la pression d'une écriture, de la taille des lettres, de la régularité ou de l'irrégularité de l'écrit. Certaines personnes sont capables de créer, sur une feuille totalement blanche, des marges égales au demi millimètre près, d'inscrire des lignes parfaitement horizontales. D'autres en sont foncièrement incapables. Tous ces indices que relève le graphologue et qui sont associés non à une origine unique mais à une palette d'origines possibles lui permettent de tenter de recomposer la personnalité de l'auteur du document qu'il analyse. Si vous en êtes curieuse, le meilleur ouvrage sur le sujet est sans doute celui du Suisse Pulver, intitulé "Le symbolisme de l'écriture", paru chez Stock, mais vraisemblablement épuisé. L'école française de graphologie (Crépieux-Jamin) est beaucoup moins intéressante.
   Bref à l'époque je faisais un graphologue assez convenable, tant que le problème n'était pas trop complexe. A titre anecdotique je vous dirais que l'écriture révèle la tension sous-jacente. Les gens qui s'efforcent de dissimuler un maximum de choses, qui sont de véritables "sacs d'embrouilles", le révèlent sans le savoir dans leur écriture et en particulier dans leur signature. Certains faussaires soignent à merveille leur présentation, en oubliant que leur signature, pleine de lassos prêts à saisir le client, les révèle mieux qu'une radioscopie. D'autres, qui cachent du mieux qu'ils peuvent une agressivité épouvantable, peulent leurs mots de dards prêts à jaillir, abrités sous quelques rondeurs, tels les cnydocytes des méduses.
    Me voilà donc un jour chez un ami, dans une telle belle propriété. Une femme, la Comtesse de R. me donne une lettre à analyser. Il y avait gros à parier qu'il s'agissait d'une missive écrite par son époux, son fils ou son amant. En principe on arrive assez facilement à détecter le sexe dans l'écriture. J'analyse le document de mon mieux. J'y trouve des traits assez communs : de l'ambition, des complexes d'infériorité, une sensualité assez peu épanouie, un aptitude certaine au calcul. La dame se déclare impressionnée et me demande si, à travers l'écriture il ne me serait pas possible de découvrir l'aspect physique de la personne. A la surprise de mon ami Louis, qui m'avait amené chez ces gens, je répond que cela pourrait être possible, mais qu'il me faudrait "de la concentration, du silence". Je demande de baisser la lumière. Puis, après plusieurs minutes passées, les deux mains à plat sur le document et les yeux fermés, je décris un homme de petite taille, blond, le nez aquilin. L'assistance manifeste son étonnement.
     J'avais fait le pari qu'il pouvait s'agir de son époux, qui menait dans la région des opérations immobilières fort juteuses, mais que je n'étais pas censé avoir rencontré à ce jour.
Quand nous quittâmes les lieux, mon ami Louis me questionna :

- Mais, comment as-tu fait ? Où as-tu appris un tour de ce genre ?
- La réponse est simple. Il y a quelques mois nous étions à Paris, dans ta voiture, place de l'Etoile. Soudain tu m'as dit "tiens, voilà le Comte de R, cette fieffée crapule !". Et j'ai vu passer une voiture décapotable conduite par un blondinet au nez aquilin dont la tête dépassait à peine de la portière.

    Mon ami fut apparemment rassuré. Avoir des amis qui ont des pouvoirs, c'est toujours inquiétant. Quelques mois plus tard nous étions tous deux invités chez ce Comte de R, dans son hôtel particulier de la rue de Lille. Dès que nous arrivâmes il me tomba dessus :

- J'ai entendu parler de vos extraordinaires compétences de graphologue, de la façon dont vous pouviez voir le visage des gens à travers une simple feuille de papier ! ....

    Louis riait sous cape. Notre hôte nous entraîna dans un immense salon en nous déclarant :

- Je suis heureux de vous faire visiter cette pièce, que je viens de faire refaire entièrement. Comme vous le voyez, elle est décorée de nombreux éléments dorés à la feuille. Certains avaient été gâtés par le temps. J'ai fait refaire ces pièces par un artiste étonnant, qui ferait un remarquable faussaire. En fait, même un expert aurait du mal à découvrir quelles sont les parties qui ont été refaites.

    Je m'arrêtai à l'entrée de la pièce et à quinze mètres de ces décors, semblais connaître une sorte de transe. Je mis mes deux mains sur mes yeux et déclarai :

- Je pense qu'il s'agit de la partie supérieure du trumeau et de la cariatide droite de la cheminée, celle qui représente un lion.

    Le Comte resta interdit. Le dîner se déroula dans un ambiance à couper au couteau. Je voyais des regards inquiets de gens qui me croyaient désormais capable de lire dans leurs pensées les plus secrètes. J'ai eu un mal fou à conserver mon sérieux. Quand nous repartîmes dans la voiture de Louis, celui-ci me lâcha, avec une voix mal assurée :

- Et cette fois, c'est quoi ? ......
- Eh bien, figure-toi, mon ami, que cet homme, celui qui a restauré ces objets, je le connais. C'est un de mes vieux amis. Son atelier de dorure à la feuille est dans le Marais. La dernière fois que je suis passé le voir, il y a quelques semaines, il finissait une commande et il s'agissait de ces pièces que j'ai identifiées dans le salon.

    Si j'avais voulu jouer sur ces coïncidences, j'aurais pu naviguer dans cette société, fort ennuyeuse au demeurant, en y jouant les extra-lucides de salon. Beaucoup d'escrocs ne font rien d'autres que d'exploiter habilement de telles situations, qui donnent à leur bénéficiaire un crédit durable et, par la suite, un large droit à l'erreur, ou à la médiocrité. Mais convenez que cette histoire de verre et de plateau tournant est d'une autre essence. S'il y a un artefact, franchement, je ne le vois pas. Je regrette que vous ne tentiez pas l'expérience, mais à en croire votre dernière phrase, je crois que cela ne serait pas sans quelque appréhension.

   Toujours est-il qu'après avoir participé à ces quelques séances je décidai de me documenter. Un ingénieur-conseil a des dossiers. A chaque fois qu'il aborde un nouveau domaine, il doit créer un nouvel espace dans sa documentation. Bref, je pris un gros classeur en carton sur lequel j'inscrivis "paranormal". J'ai donc lu tout ce qui me tombait sur la main. D'abord les ouvrages qui étaient dans la bibliothèque de l'Angerie, puis d'autres livres. De ces lectures on retire une chose : l'univers serait une sorte d'empilement, de juxtaposition de mondes "parallèles". En fait, ces notions semblent faire irruption en Europe au dix-neuvième siècle, après que d'honorables majors Anglais aient été collecter ces idées auprès de Saddhus des bords du Gange ou d'ailleurs. Cela a laissé chez nous ce qu'on appelle le spiritisme, la médiumnité, le talent du guérisseur. Se sont créés également de nombreux cercles dits "ésotériques". Dixit le Larousse, le mot ésotérique se réfère à toute "doctrine secrète".
    Il y a quand même une sorte de leit-motiv :

Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.

    Traduction : toutes les choses du monde sensible auraient leur contrepartie dans le monde invisible. Celui-ci ne serait ni tangible, ni perceptible, du moins à l'aide de nos organes sensoriels. J'ai lu plusieurs ouvrages de la main d'un major de l'Armée des Indes qui sont assez intéressants. Bien sûr, tout cela part de l'Inde Ancienne. Dans ce pays, toutes ces choses sont considérées comme parfaitement normales. Selon ces doctrines ésotéristes ce monde invisible serait lui-même stratifié de manière complexe. Autant que je me rappelle il y aurait le monde "Astral", le monde "Etherique", le monde "Mental", etc... et nous, autres, pauvres occidentaux, aurions bien du mal à nous y retrouver, surtout quand ces mondes, ces mécanismes, ces fonctions, sont étiquetés avec des mots issus du sanscrit. Mais, fait intéressant, ces mondes seraient quand même constitués de "particules subtiles", ils seraient... corpusculaires. Sont-ils réglés par une .. métaphysique-métaquantique ? Ça, je ne saurais le dire, mais l'idée ne manque pas de saveur. On peut toujours essayer de la chevaucher pour voir où elle nous mène. Méta veut dire "au-delà", me dites-vous. Cela évoque quelque chose de complémentaire et en même temps de distinct. Dans ma tête j'imagine deux mondes qui seraient comme les deux côtés d'une même surface.
    Pour les ésotéristes, tout objet de l'univers doit être associé à un méta-objet. Il y a des atomes ? Donc il doit exister des méta-atomes. La lumière émet des photons ? Alors le Soleil doit aussi émettre des "méta-photons". Etc....
    A notre corps physique nous associerons un "corps astral" (en fait, selon les hindouistes, composé de plusieurs corps emboîtés comme des poupées russes).

    Vous me suivez toujours ? J'espère que vous ne baillez pas !

    Dans la bête physique, le Soleil émet deux types de particules : les photons et les neutrinos, issus des réactions nucléaires qui se produisent dans sa chaudière centrale. Pour les Indiens, cette lumière visible, c'est "Fohat". C'est elle qu'on ressent, qui nous fait bronzer l'été, qui nous réchauffe. C'est cette énergie que nous percevons avec plusieurs capteurs : les cellules de notre rétine et les capteurs infrarouges de notre peau. Mais, selon la tradition indienne, le Soleil émettrait deux autres formes d'énergie :

- Prana
- Kundalini

   Le prana serait très important pour l'état de santé. En fait, cette énergie ne serait pas absorbée par la peau, ou détectée par la rétine. Elle serait captée par des "méta-molécules", qui seraient en quelque sorte les "mini corps astraux de molécules présentes dans l'air que nous respirons". Ainsi, le prana, ça s'inhale. C'est une forme de "nourriture" au sens où cette entité véhiculerait ce qu'on pourrait appeler une "méta-énergie". Et c'est là que les choses deviennent très amusantes. Dans le monde physique nous nous nourrissons en absorbant des aliments. Nous avons aussi besoin de l'oxygène de l'air pour entretenir notre biochimie (alors que les végétaux ne sauraient vivre sans ... gaz carbonique ). Dans notre corps, différents organes assurent l'extraction de cette énergie biochimique, stockée au départ dans les végétaux, sans lesquels nous ne saurions survivre. Eux-mêmes stockent dans des biomolécules une énergie primaire qui n'est autre que la lumière du Soleil. Nous avons un système permettant de dispatcher cette bio-énergie dans toutes les parties de notre corps : notre système vasculaire. Celle-ci se trouve dégradée. Il y a des déchets que nous devons évacuer, dans le fèces et l'urine et accessoirement dans la transpiration. Les Indouïstes nous apprennent qu'il en est de même pour le prana. Mais les organes qui assurent la métabolisation de cette énergie, son acheminement et la dégradation des déchets seraient alors des ... méta-organes. Pendant qu'on y est .....

   Ainsi le "méta-foie" est le "chakra splénique", méta-organe qui se localiserait au même endroit que la rate, l'organe et le méta-organe n'ayant en commun que leur simple proximité géographique dans le corps. Le système qui acheminerait l'énergie serait voisin du système nerveux. Cela correspondrait en fait auréseau connu des acupuncteurs. Le système méta-excrétoire, ne serait autre que ...le système pileux. C'est la raison pour laquelle les Saddhus ont des barbes et peut-être pour laquelle les "hommes de Dieu", dans la Bible, étaient "nazir", c'est à dire ne devaient pas se raser. N'importe quel Taliban vous dirait peut être qu'être bien poilu et barbu est la meilleure façon de se dégager de ses mauvaises énergies.

   Les fameux "chakras" ne sont donc pas des bio-structures, et on ne les découvrira pas à l'aide du meilleur des microscopes. Ce seraient, selon ces textes traditionnels, des méta-organes. Le chakra de la communication "méta-vocale", qui fait à la fois office d'émetteur et de récepteur se situerait au niveau de la thyroïde. La méta-vision relèverait du "troisième oeil", situé sur le front. Nous serions censés posséder un chakra de la communication "empathique" au niveau du sternum, pratiquement dans la région du coeur.

    Mais, quel rapport avec les verres qui bougent, me direz-vous ?

    Si je continue à dérouler ces thèmes traditionnels, cela nous amène à envisager que, s'il y a de la lumière et de la méta-lumière, de la bouffe et de la méta-bouffe, que cohabitent en une même région de l'espace l'homme en tant qu'assemblage de bio-molécules et ce qu'on pourrait appeler un "méta-homme". Ce "méta-homme" serait "en poupées russes", une juxtaposition de "corps", d'ensembles constitués de "particules subtiles". De manière très sommaire, nous pourrions regrouper tout cela sous un même vocable : "corps astral".    Ainsi tout être humain se baladrait-t-il en charriant avec lui son corps astral qui le suivrait... comme son ombre. On l'appelle aussi "aura". Cet ensemble ne coïnciderait pas totalement avec le corps physique.
   Je vous ai dit tout à l'heure que les êtres humains seraient dotés d'organes assurant les perceptions sensorielles et d'autres prenant en compte les perceptions extra-sensorielles. Logique : s'il existe des méta-corps, il faut un émat-oeil pour les voir. Et ce méta-oeil, c'est "le troisième oeil", ce chakra situé au milieu du front. Lorsqu'on a appris à passer en perception extra-sensorielle il paraît qu'on voit tout simplement les corps astraux des gens. Ceux-ci seraient semblables à des nébulosités aux contours vagues. On pourrait les comparer à un banc de minuscules poissons. Ca n'est pas une structure "cristalline" où les éléments sont solidement liés les uns aux autres. Le corps astral a la réputation de se comporter comme un .. fluide coloré. Il est également turbide, sans cesse en mouvement. J'ai lu que les chakras étaient des sortes de vortex permanents. Lorsqu'on a un chakra qui tourne mal, il paraît que c'est très maubais signe.
    L'extension de ce corps astral serait une mesure de l'état de santé de la personne. Quelqu'un de déprimé aurait parait-il un corps astral qui se plaquerait à son corps comme une vulgaire chemise. A l'inverse, la pleine forme, ça serait le corps astral à dix ou quinze centimètres du corps, carrément.
   Localement, des couleurs seraient révélatrices des affects. Je ne me souviens plus du code des couleurs indiqué par le Major de l'Armée des Indes, mais je crois que quelqu'un qui a de vilaines pensées aurait un corps astral plein de taches sombres. A l'inverse, du mystique émanerait une lumière jaune-dorée. Ce ne sont pas les occidentaux qui le disent, mais les Indous qui l'ont écrit, il y a des milliers d'années. Et notre major Anglais de conclure que cette perception du corps astral de "saints" aurait donné naissance au concept d'auréole, bien visible dans les icônes des orthodoxes.
     Quelqu'un qui est près de décéder aurait un corps astral carrément gris-vert (vert-de-gris). Certains médiums, percevant les corps astraux des gens, seraient à même de détecter chez eux les affections dont ils souffrent, voir de prédire leur mort prochaine.
    En règle général, à travers cette perception extra-sensorielle, tout ce qui est vivant est coloré, comme un être humain, un animal ou une fleur. Inversement "l'inanimé" est "gris, ou "gris-vert".

     J'en viens à cette histoire de spiritisme, directement liée au devenir post-mortem. Selon la tradition ésotérique, quand on décède, le corps astral se détacherait du corps physique. Les deux cesseraient d'être reliés. Cela fournirait une explication au fameux phénomène des "NDE" (near death experiments) ou états proches de la mort. Des états prétendument vécu par des gens en "coma dépassé", cliniquement morts, par exemple sur des tables d'opération, mais qui auraient, un instant, été se balader au dessus de leur propre corps, voire dans le couloir voisin, en rapportant parfois des faits dont ils ne pouvaient, rivé à leur bloc opératoire, avoir été témoins.

     Là, j'ai une expérience dont je dois faire état. Cela remonte à plus de vingt cinq ans. Ma mère est morte d'un cancer au foie. Je n'ai pu être présent au moment même de son décès. Je me suis simplement rendu à la clinique quand elle était déjà entrée dans le coma. Puis elle est morte. En inventoriant ses affaires, j'ai trouvé dans un carnet des notes rédigées à l'attention de ses enfants. Elle y avait fait figurer quelques dispositions testamentaires additionnelles et souhaits. Mais elle avait également consigné, au crayon, un récit qui me sembla à l'époque totalement surréaliste, ou lié à quelque délire dû à un empoisonnement par des toxines. Ca n'est que bien des années plus tard, découvrant ce thème dans un livre du journaliste Van Eersel "La source noire" que je pus identifier le récit de ma mère avec une NDE absolument caractéristique. Et je puis vous assurer que ma mère ne s'était jamais intéressée à ce genre de sujet, dont elle ignorait, comme moi, l'existence.

     Bref, quand nous mourons, c'est une NDE qui se prolonge indéfiniment. Les textes indouïstes insistent beaucoup sur le fait que les gens doivent être préparés à ce genre de situation car, s'ils en ignorent tout, dans un premier temps ils ne comprennent même pas qu'ils sont morts et ils restent comme des cons à côté de leur cadavre. Il paraît que certains assistent même à leur enterrement.
     Ainsi, lorsqu'on vient de décéder, on appartient à un monde différent, qui obéit à des lois différentes. Sous forme de corps astral (nous d'irions "d'esprit") l'être humain n'a plus de prise physique sur les objets. Il devient incapable de s'accrocher à une rampe d'escalier ou même simplement de marcher. Les "méta-pieds" ne sont simplement pas des organes de locomotion, de même que les "méta-mains" ne peuvent nous servir à saisir quoi que ce soit. Le major Anglais parle d'une personne décédée qui avait essayé pendant un bon moment de se déplacer dans une pièce en y effectuant des mouvements de natation. Comment se déplace-t-on alors ? Tenez-vous bien : par la pensée. Le simple souhait de se déplacer créerait le mouvement, avec plus ou moins de facilité.

     Ceci étant, s'élever dépend du vécu de la personne décédée. Ne batifole pas dans l'azur qui veut. Il n'y a que les gens "bien" qui peuvent "monter vers la lumière". Ce n'est pas moi qui le dit, ce sont les textes de la tradition. Que font les autres ?"Il errent comme des âmes en peine". C'est ce que les ésorétistes appellent le "monde du bas-astral" et ce serait avec de telles entités désincarnées que les gens pratiquant le spiritisme se mettraient en contact. D'où le peu d'intérêt de l'opération.

    On connaît le grand succès du "minitel rose" à ses débuts. Maintenant c'est une mode qui a un peu passé, peut-être supplantée par des moyens plus sophistiqués, comme Internet. J'ai vu une fois mon neveu me faire une démonstration de connexion sur une "messagerie rose" en utilisant son Minitel. Toutes les personnes connectées s'abritent derrière des pseudonymes et on ne sait finalement absolument pas qui est qui. L'impression dominante, étant donné le défoulement et les fantasmes les plus débridés qui semblent se manifester à travers ces dialogues et que "des Pénélopes de banlieue tentent de se faire passer pour des amantes libérées", et le tout à l'avenant.
     En faisant le parallèle, lorsqu'on invoquerait les esprits, on tomberait sur le premier zigoto du bas astral qui passerait par là et qui, lisant dans votre "banque de donnée personnelle" pourrait à la rigueur vous faire quelques révélations intéressantes. Comme dans le Minitel Rose, il importerait de se présenter au plus vite sous un jour intéressant pour accrocher l'attention. D'où le fait que nombre d'esprits en maraude se présenteraient avec des identités d'emprunt, comme Napoléon, ou Cléopâtre. Ceci étant, si un jour on en a marre du Minitel, rien n'oblige la personne à se connecter de nouveau. Par contre, dans le spiritisme, vous risquez de laisser "vos coordonnées" à un esprit qui s'emmerde et qui essayera de s'occuper en entrant de nouveau en contact avec vous, à votre corps défendant. C'est paraît-il le risque de la pratique intensive de ce sport. J'ai entendu cela cent fois.

   Décevant, non ? Dans un certain sens, oui. Mais fallait-il s'attendre à ce que la métaphysique soit un fruit qui se laisse cueillir avec facilité ?

   Dans un autre courrier j'aborderai d'autres sujets. Je ne prétend nullement savoir quoi que ce soit avec certitude. j'ai simplement une fois lu une phrase d'Edelman, prix Nobel de neurosciences, qui avait écrit un jour :

- Un jour nous saurons construire des robots pensants et conscients.

       Y a-t-il un philosophe dans la salle ?

       Amicalement                                                                         Félix

 

 

 

à compter du 2 décembre 2001