A contre-amour,
Enquête dans le coeur d'un agent secret

Episode 5, 11 janvier 2004

 

Le mystère du numéro de téléphone

 

 

     Je relis ces lignes : « arrêtons les détails lorsque tu le souhaiteras »…C’est un peu protocolaire tout de même pour un rendez-vous amoureux... L’essentiel du problème, ou plutôt des problèmes, me semblait enfin réglé, et ma foi, les détails trouveraient bien leur place où il faudrait comme il est de circonstance…en ces circonstances. Je repliais donc mon petit message électronique au fond précieux de mon ordinateur en éludant les tracasseries organisationnelles, et pris le parti d’être grisée de bonheur le temps que durerait la vague.

 

     Je ne pensais qu’à cette rencontre. Elle avait quelque chose de glorieux. J’avais été fin stratège et j’avais gagné, voilà. Pas contre lui, ni lui d’ailleurs. Je n’instrumentalise pas l’humain et Franck moins que quiconque dans ma vie. J’avais seulement imposé mes droits au destin ; j’avais détourné son cours de son profond tracé, tenu en joue le regard du dieu joueur d’hommes. Désormais, j’étais patronne et scénariste de mon monde : personne n’y entrerait sans y avoir été invité et c’est moi qui choisirait la couleur des décors. Cette intrigue d’amour, si parfaitement sur mesure et plus que je ne me connaissais, parlait sans doute d’ailleurs, mais d’un ailleurs qui savait où j’allais et je me sentais à ce moment si précisément à ma place que je ne doutais pas que l’univers se soit enfin montré coopératif.

 

     A partir de là, Franck se mit à téléphoner tous les jours, et la parole se doublait souvent d’un mail impatient, parce que c’était, dans le cadre de notre rencontre, notre première langue vivante et que nous avions le clavier dans la peau. Anecdote au passage, mais qui n’en est peut-être pas une, jamais, sauf  au tout premier appel, Franck n’a décliné son nom pour s’annonce ! Je décrochais, et lui prenait la parole comme si cette ligne était une exclusivité à son seul usage. Corollaire : je ne l’ai que très rarement entendu prononcer le mien et quand ce fut le cas, j’en éprouvais une sorte de raidissement du à la perception d’une situation grave, du genre « il faut qu’on parle », exactement comme lorsqu’enfant, mes parents m’appelait par mon prénom dans son intégralité au lieu du surnom d’usage qu’ils m’avaient accroché à la peau. Je savais que j’allais en prendre pour mon matricule…Toujours est-il que mon ami mathématicien qui porte le même âge que Franck possède certaines intonations similaires de la voix qui m’ont perdue plus d’une fois pour une poignée de secondes, ce qui fut à chaque fois très déconcertant.

 

     Deux jours donc après son acceptation de la rencontre, Franck commença à m’appeler. Un jour, il y eu un silence osé : nous n’étions plus les mêmes. Plus là pour causer, pour bavarder, pour commenter l’air du temps, pour nous sonder les neurones. Nous étions des apprentis amants qui devions nous débrouiller pour nous mettre un corps sur le dos d’ici à ce que nous ayons l’occasion d’en faire un usage partagé. Etrangement, ce moment de silence suspendu restera pour moi celui où nous nous sommes regardés dans les yeux pour la première (et l’unique…) fois, le cœur battant d’un désir qui ne savait pas quoi faire de lui.
Nous échangions des silences, lui ne posant pas la question dont il attendait la réponse : « arrêtons les détails »…Stupidement, sans doute pour faire fuir les étoiles noires qui gambadaient devant mes yeux au rythme du sang pressé dans mes artères émotives, j’engageais une conversation futile sur un sujet sans intérêt. Il enchaîna sur la même volée, déconcerté. Ses paroles m’arrivaient de très loin, comme un bruit étranger. Je me demandais comment revenir dans notre rencontre prochaine, me rendant compte qu’à jouer les dames de conversation je finirai par causer seule. Il s’était tu, sans que je m’en aperçoive, et moi, je ne parlais plus. A ma grande reconnaissance, il repris la main :

 -Il faudrait qu’on discute des détails de notre rencontre
 -…Oui…
Moi, tout m’allait et tout m’irait. Je le désignais donc tacitement maître de cérémonie et saurais faire mon avantage de tout ce qui serait à notre avantage.

 

     Il y a une chose pourtant sans évidence qui n’a jamais été mise sur la table des négociations. Je reprends son courrier précédent : Une venue par chez toi n'est plus une lointaine chimère. arrêtons les détails lorsque tu le souhaiteras.
C’est vrai, pour un premier rendez-vous, une fois que l’on a décidé du lieu de rencontre, le reste n’est plus que détails, qu’imprévus remis aux mystères des affinités. Tout seul, Franck avait décidé qu’on se retrouverait chez moi et il présentait ça comme un prérequis aux autres concertations pratiques.

Y avait il d’ailleurs là quelque chose comme un geste de décision, un choix conscient, voire un acte d’autorité de sa part, je ne sais pas. Personnellement je dois avouer que sur le coup, je n’ai pas relevé ce qui m’apparaît maintenant comme une énormité, et je n’ai donc aucune raison de penser qu’il en ait été autrement pour lui. Nous avions l’évidence atypique, c’est tout…

 

     Tout cela est fort étrange à analyser : une sorte de dissymétrie dans la prise d’initiative de nos relations s’est instaurée à partir de là et la situation a perduré avec aggravation en se dotant d’un statut d’évidence inaltérable. Le 20 juin, c’est-à-dire le lendemain du fameux message, je lui délivrais comme un trésor mon numéro de téléphone filaire accompagné de ces mots « la clé de ma voix ». J’aurais pu lui refiler celui du portable : plus anonyme, facile à couper, à changer si besoin alors que celui de mon appartement de fonction ne m’appartenait pas et serait quelque soit la tournure des événements, immuable. J’y ai pensé, mais j’étais consciente du caractère suspicieux qu’un tel geste véhiculerait et je n’entendais pas placer une telle relation sous le signe de la réserve ou de la méfiance. Car ce n’était pas une histoire d’amoureux, mais une Aventure d’Amour…

 

     Et puis comment pouvais-je deviner que je n’entrerai jamais en possession légitime de son numéro de téléphone ? Au contraire : un peu avant, dans nos mails, il avait jeté énigmatiquement de petits nombres à deux chiffres en bas de ces textes, un à chaque fois, sans commentaire, jusqu’à ce que j’en obtienne trois, c’est-à-dire 6 chiffres donnés comme suit  : 06 (13 juin), 6* (nda : je préfère anonymer un maximum en la circonstance), (14 juin, sous le titre « un message peut en cacher un autre »),  7* (14 juin encore, dans un troisième message, le second étant muet de chiffres). Toujours ce 14 juin, il écrivit un quatrième message sous le titre mystérieux d’« épilogue provisoire » dont le contenu court et anodin était sans rapport si on n’admet pas que le sujet subliminal de tous ces textes ait été précisément dans ces numéros. 

 

     Bien sur, dés le premier, mon attention a été saisie par ces chiffres, trop malhonnêtement paumés au bas d’une page pour avoir l’air anodins. J’ai immédiatement spéculé sur la délivrance au compte goutte d’un numéro de mobile (ceux-ci commençant toujours par 06, chiffres par convention récités deux à deux…) dans un petit jeu au motif duquel il mettait une pudeur délicate à ne pas mettre ostensiblement son numéro de téléphone dans la poche des dames. Je trouvais ça charmant, et toute maline et mal élevée que j’étais (et que je suis toujours…), j’attrapais l’occasion de m’amuser un peu en ne mordant pas à l’appât. J’étais suffisamment rusée pour jouer les imbéciles à la perfection et dans ma vie, l’acrobatie m’a sauvée la mise bien des fois…

      Ca faisait quatre mails en une journée : record absolu pour lui, toutes époques confondues ! Je riais de la précipitation impatiente de Franck qui voulait mijoter du suspens, mais en soldant ses indices avant le coucher du soleil…Je fis donc l’aveugle et causait allégrement sur écran en visualisant mentalement la désespérance navrée de mon homme mystérieux…

Je ne sais pas s’il s’est lassé, convaincu de mon incompétence ou vexé, certain de ma raillerie, mais toujours est-il qu’il a renoncé à ces suites de nombres sans que je n’en exprime la moindre contrariété ou curiosité. Pourquoi ? Tout simplement parce que je n’avais guère de précipitation à lui parler au téléphone, et encore moins à prendre l’initiative du maniement de cet engin que je n’affectionne pas particulièrement.

 

     Le lendemain, 15 juin, il me fit une déclaration de demande de numéro de téléphone sous ces mots : Have you got a phone number and would you like to give it to me, ce qui me confirma par concordance thématique dans ma thèse sur le sens de ces nombres. Pourquoi cette requête en anglais ? Si je voulais sombrer dans la psychanalyse de bistrot, je dirai que ce gars-là ne parvient décidément pas à formuler une demande de numéro de téléphone à une femme, ni à lui donner le sien, pour des raisons plus ou moins conscientes de lui…Mais enfin…

 

     Toujours est-il que Franck ayant fait mine de me délivrer son téléphone en premier, je lui donnais le mien sans trop rechigner.

 

     Samedi 15 juin, dans un second et long message, il a fini par me parler de sa maladie, grave, sans la nommer. Son mail, mélange de grave et de dérision m’a beaucoup touché et quand il l’a achevé de ces mots :

(…) je tiens à toi. je me donnerai à toi, dès que je m'appartiendrai de nouveau. relis mes messages si tu les as encore, il y a de nombreux indices de ce que j'essayais désespérément de te révéler depuis, depuis?

                  Franck, le cachotier de taille.

.....j’ai pris d’un seul coup toute ma dose de culpabilité d’avoir ignoré dans ces chiffres ce qui était des appels de détresse et je ne me sentais guère fière de moi d’avoir voulu jouer comme si j’étais dans la cour de l’école maternelle. De plus, si ces chiffres essayaient « désespérément de me révéler » pareil secret, c’est que je n’y avais rien compris et qu’il ne s’agissait pas d’un numéro de téléphone. Je les ai donc repris, posés, mélangés dans tous les sens, cherché une signification symbolique par tous les mythes et tous les sorcelleries possibles sans rien pouvoir en faire ressortir de cohérent. En fait, je compris qu’il y en avait trop pour qu’ils puissent contenir un message symbolique ; il devait s’agir d’un code, ou des plusieurs codes qui avaient un sens figé et non pas à interpréter. Ca ne pouvait pas être une date, même en inversant l’ordre des chiffres ; ça ne correspondait pas à des coordonnées d’établissement médical…Je passais de trop simple (numéro de téléphone) à l’indéchiffrable et en ressentais du dépit.

Mais finalement, qu’importe la manière : Franck avait craché son secret et il n’était que trop tard pour jouer les détectives ou gambader dans le passé. Nous avions le futur, ou plutôt des futurs à prendre.

 

     Nous conversions donc à son initiative et je me laissais faire. Après assez peu de temps, autant par politesse de partager les coûts que par confort de pouvoir joindre Franck à ma convenance, je lui réclamais mon du : ses coordonnées téléphoniques, mais il se défila. Je ne sais plus comment. Habillement sans doute. Je n’insistais pas.

Pourquoi ? Pourquoi ces renoncements d’alors quand maintenant je montre tant de pugnacité à reconstruire et à découvrir la vérité ? Finalement, quand on y réfléchit, ça n’était qu’un secret de plus, qu’une incongruité supplémentaire à toute cette intrigue qu concourrait déjà dans la catégorie fantastique et je n’avais nulle envie de faire retomber le rêve en réclamant un petit morceau de certitude contemporaine. Ainsi fis-je donc silence, avec un respect infini pour ce petit être fragile et apeuré que ma délicatesse protégerait de ces propres peurs. Réfléchissant toujours et m’instrospectant plus que sur toute ma vie cumulée, je pris la décision ferme de ne pas faire acte de force ou de contrainte qui ne sont que la défense des faibles, et de vouloir consciemment pour lui tout ce qu’il voudrait pour lui.

 

     Beaucoup plus tard, j’ai évoqué à Franck ces fameux chiffres par lesquels, lançais-je comme un piège, il avait commencé à me dévoiler ce numéro de téléphone qu’il me refusait depuis fermement. Il m’assura que ces chiffres avaient une autre signification et détourna la conversation avec mauvaise humeur et sans perspective d’une séance de rattrapage. Je le cru avec ma constance habituelle même si les mystérieux 6 chiffres hantaient par mes jours malheureux quelques neurones orphelins.

 

     Mais bien sur, c’était son numéro de téléphone, je le sais maintenant. Je ne saurai jamais pourquoi Franck invente des mensonges qui n’ont pas de prétention à l’existence. Pourquoi donner un téléphone que je n’ai même jamais demandé ? Pourquoi interrompre sa délivrance alors que je n’en dis rien ? Pourquoi finalement déclarer que ça n’était pas son téléphone alors même que j’accepte sans résistance de renoncer à posséder quelque coordonnée de lui que ce soit ? Pourquoi enfin continuer à m’appeler avec ce fichu numéro ? Pourquoi ne même pas se donner la peine d’en interdire l’affichage sur le combiné de son correspondant ?

Je n’en sais tristement rien. Ca n’a aucun sens que celui d’un surréalisme de mauvais goût. Plus d’un an et demi après notre rencontre, je ne peux plus croire qu’il s’agisse d’une mise à l’épreuve de mon intégrité, si constante dans toutes les tourmentes qu’il n’y en a sans doute nulle autre pareille dans tous le paradis.

Dernière question : pourquoi je n’appelle pas ce monstre de numéro ? Allez savoir jusqu’où va la loyauté…

 

 

9 jours encore…

 

 

     Le règlement des détails protocolaires paraissait obnubiler Franck. Quant à moi, les certitudes m’avaient suffisamment trahies dans la vie pour que je ne fasse confiance qu’à l’imprévu. Une fois une situation analysée dans un minimum de paramètres cohérents, je m’abandonnais complètement aux circonstances en me faisant une joie d’y trouver le maximum de variables avec lesquelles jouer. Il m’est arrivé des tonnes de fois de patienter dans les couloirs deux bonnes heures avant un examen oral, simplement pour me faire contaminer par l’angoisse mobilisatrice des autres qui ne prenait pas facilement territoire chez moi. Par contre, je peux me trouver désemparée à l’idée d’être confrontée  à un désossage de poulet à une table commune…

 

     En ce début d’été, l’année scolaire s’éteignait et je commençais à désinvestir doucement mes fonctions, histoire de m’adapter sans douleurs aux vacances. Il faisait une chaleur d’enfer ; je m’y sentais dans mon élément et remerciais Dieu d’avoir commis l’existence. Franck s’enquit respectueusement de mes disponibilités que je déclarais absolues par delà la frontière sonore de la cloche de 17h30 scandant la fin des cours. Il avança la date du vendredi 28 juin, dernier jour de classe et le marché fut expressément conclu.

 

     Cela dit, nous voilà de nouveau avec un délais, conséquent, de neuf jours. Pourquoi ? Pourquoi ne pas saisir dans notre impatience consentante le premier week-end qui planerait par là ? Sais pas…Il avait des trucs à faire, du genre pas marrants : travail, examens médicaux, repos, préparatifs d’un lointain voyage… Oui, tout à la fois avec autant de contre-indications les uns par rapport aux autres. Mais finalement, le cerveau humain s’adapte beaucoup mieux à la contradiction qu’on ne le pense. En tous cas, je me voyais mal lui faire une petite crise de jalousie sous le prétexte qu’il faisait passer son cancer avant nos festivités. Et puis le soir des vacances, c’était bien. Ca doublerait l’effet de fête et nous épargnerait un réveil difficile.

 

     Ca pesait tout de même lourd sur mon impatience, neuf jours ! Je songeais avec ironie que ça devait peu ou prou correspondre au délai légal de rétractation pour toute transaction passée sur internet, et il y avait de toute évidence de la part de Franck une volonté de temporisation. Il est trop sage Franck, si irrémédiablement adulte…Mais il est certain que quelques levers et couchers de soleil s’avéraient sans doute l’outil le plus adapté à des petits humains comme nous pour transformer un rêve en quelque chose qui serait encore un rêve, pour incarner nos beaux mots, donner du souffle à nos cœurs légers. Saurions-nous nous accorder le droit d’avoir d’être des images habitées de chair et d’os, d’être si bêtement vivants ?

 

 

Photos : les débuts du corps

 

 

     La thématique du corps s’est donc mise à faire, ou plutôt à refaire la une de bien des conversations. Toujours à l’initiative de Franck, avec moi qui n’y comprenais pas grand-chose et ne faisait d’ailleurs guère d’efforts pour me focaliser sur ce que je considérais comme un hors sujet flagrant : rappelons que j’avais signé pour une rencontre dans la noirceur totale, yeux bandés s’il convenait. Qu’avions-nous d’autre qu’une silhouette à nous insinuer dans la mémoire ?

 

     Le 19 juin, en acceptant la rencontre, Franck me glissait dans une enveloppe une petite photo de lui qu’il m’annonça par mail en ces termes : « j'ai enfin mis la main sur une pauvre photo d'identité que je t'envoie ce soir. Tu pourras écrire: "wanted" en tout petit sur une diagonale. » Quelques jours plus tard, je saisis doucement dans ma boite aux lettres de métal le papier cacheté si léger qu’il en semblait vide. Franck possédait depuis le 17 une grande photographie de moi envoyée en pièce jointe par mail, de pieds, posant périlleusement dans une tenue de baroudeuse en short et scandales de marche au sommet noir du volcan Etna en Sicile, en pleine éruption sur l’autre face. Pas à mon avantage, mais c’était fait exprès, histoire de couper court à toute déception a posteriori pour tromperie sur la marchandise. Cette photo, c’était la vraie moi. Je m’aimais d’ailleurs bien ainsi et j’avais tout pour imaginer que j’y serais ainsi aux côtés d’un voyageur déclaré plus souvent qu’en robe du soir, ce qui se révéla imprévisiblement faux. Son accueil fut si chaleureux que j’en oubliais qu’il ne m’avait jamais réclamé d’images…

17 juin, Franck

Je garde ta photo tout près de moi à tout instant, elle me rassure, elle est revigorante. (…)
j'ai noté tes cheveux, pas bien vu la clarté de tes yeux, j'ai compris les formes et les "rondeurs", j'accepte tout en bloc sans l'ombre d'une hésitation, jusqu'à ce que nos deux corps se confirment l'un à l'autre par l'effet de deux charmes, bien plus que de deux épidermes. Et s'ils devaient se rejeter, il nous resterait l'éblouissement d'un rêve, la chaleur des mots, un goût de paradis païen, une sensation d'éternité et le sentiment de nous appartenir quand même, malgré les six autres milliards, malgré le mouvement. Je nous vis en apesanteur, nos coeurs rythmant tout doucement le temps qui ne nous gêne plus.

  
En répartie à sa réserve sur « la clarté de mes yeux », je lui envoyais malicieusement ce mail le 18 juin, tel quel (avec la photo beaucoup plus grande !)

 

 

Moi, 18 juin

Le bleu clair promis de mes yeux...

 

Photo prise au numérique il y a cinq minutes.

 

Bonne nouvelle, l'autre lui ressemble...

 

 

 

 

      Je posais enfin l’enveloppe réclamée à lui sur mon bureau, la considérait avec méfiance, ne sachant si elle était amie ou ennemie. Je n’accordais aucune importance au physique…sauf quand il ne me plaisait décidément pas !
J’avais fait l’économie de contorsions imaginatives pour inventer un visage à Franck : je pouvais à la limite être choquée, mais pas déçue…
Recroquevillé dans son antre de cellulose, Franck regardait fixement droit devant lui un photomaton indifférent qui avait à l’évidence destiné sa frimousse à quelque papier d’identité dont témoignaient les trous des agrafes. Je trouvais Franck…comme je l’avais entendu, comme il devait être. C’était mon homme. Le cliché devint mon bien le plus précieux, lové auprès de mon cœur et plus tard, dans les moments de doutes ultimes, il me prouvait à moi-même que quelque soient mes excès oniriques, tout cela avait une réalité.

 

     L’épisode des échanges de photos s’arrêta là il n’y eu pas de surenchère. Nous nous trouvions conformes à nous-même et aurions l’invisibilité promise sereine.

 

à suivre...

 

 

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à compter du 11 janvier 2004