A contre-amour,
Enquête dans le coeur d'un agent secret

Episode 4, 10 novembre 2003

Top Chrono…

 

     60 semaines…14 mois, un an et 60 jours…Big morceau de temps à avaler. Le bout de tant de mondes quand j’y réfléchissais dans un flash back vif : combien de vies et de morts de combien de pseudo-histoires d’amour consommées pourraient se tasser dans cette intermittence ? En 60 semaines, on pouvait aimer, être aimée, rendre des sourires, additionner les soirées d’été à deux ; être présents, être, au présent. Guérir d’amour s’il convenait. Il me proposait d’attendre : je voulais vivre. Il mourrait peut-être ; moi peut-être pas…

 On en était là.

 

Franck, 13 juin 2002

Je n'ai pas l'intention non plus de faire le malin (diable!), il me semble cependant que tu devrais t'enquérir encore de deux ou trois éléments sur mon compte, mauvaise épargnante, qui espères-tu que je sois? (mal formulé). Oh! et puis zut! je n'ai pas envie de décourager la lutteuse que j'ai face à moi! Il n'en reste pas moins que se voir avant de partir pour des terres lointaines me semblent compromis car la date fatidique avance, oui, je sais, je suis désespérant parfois. D'autre part, nous laisser dans nos conjugaisons me fait mal à la tête. Alors? Pas de solution, pour l'instant, mais pas de bousculade non plus. De toute façon, je te rencontre déjà tous les jours. Peut-être ne suis-je pas prêt à plus pour l'instant. ( re-désespérant). Plus sérieusement, je vole d'abord au secours d'un ami cher, et ensuite si tu es encore là, si tu n'es pas lasse, scie un autre que moi, beaucoup moins crétin ne t'a pas enlevé sur son cheval noir, sit le vortex se rouvre à nouveau, bref, une accumulation de faux sis juxtaposés, et s'il n'en restait qu'un, eh bien, nous le ferons sauter.

    Franck, qui a beaucoup à dire mais qui se retient ( mon diable! un frustré!).

                             06

 

     Lui, têtu, moi obstinée, chacun avec nos raisons, fortes, fondamentales, irréductibles. Je rageais de sa fichue coquetterie masculine, bouclier à son dévoilement, me bâillonnais  pour ne pas hurler au scandale face à ses arguments de prince charmant issu d’un conte de Grimm, où les règles de l’amour sont régies par l’interrogation du miroir, « mon beau miroir ».  Mais je savais qu’en sa demeure malade, l’enjeu du paraître était l’être et je me taisais avec un respect virtuose, ce qui fut finalement le début de mon malheur.

 

     Franck lui ne se taisait pas. Aucune âme qui puisse être suspectée d’immortalité n’avait manifestée en lui sa présence durant les 34 premières années de sa vie et il en avait conclu qu’il ne servait à rien d’agiter sa conscience au regard des dieux ni de capitaliser des points de vertu. Je dirais pour résumer la situation dans une formule qui prendra davantage sens plus tard dans le traçage de son histoire personnelle qu’il savait par expérimentation que Dieu n’existait pas. Il se considérait à ce titre comme une pièce à conviction et je n’avais à mon crédit d’existence aucun miracle, même tout petit, ni aucun destin fortuit assez bavard pour clouer le bec à cet athéisme un peu rancunier. Le respect qu’il octroyait éventuellement à quelqu’un était à payer cash dans son espace-temps, les tumeurs de l’estomac ne faisant pas crédit.

Il me passa donc commande d’un an et deux mois de ma vie, avec le plus grand naturel qui soit.

Qu’on compte en monnaie de Dieu ou de diable, ça faisait tout de même un trentième de mon existence, et une ponction sévère de ma vie de femme. Je fronçais les sourcils, retint ma respiration quelques instants, histoire de prendre la mesure de ce que représentaient 60 semaines d’attente et expulsait mon souffle au bord de l’asphyxie. 60 semaines, ça faisait tout de même une sacrée mise en apnée…

 

     J’accordais en secret quelques instants de cogitation à ma rationalité à qui personne n’avait demandé son avis : cette mise en stand by de plus d’une année était bien la plus grosse énormité qu’on m’ait jamais demandé ! C’est comme si, me baladant dans la rue, je demandais soudain à un passant :
 -Excusez-moi, vous ne voulez pas me tenir ma glace et me la rendre en l’état : je reviendrai la manger dans 14 mois…

?!?

Tout délire libidino-onirique mis à part, Franck et moi n’étions finalement que des entités virtuelles récentes en communication dactylographiée. Nous n’avions fait aucun pacte de sang à l’éternité, n’avions pas été promis depuis l’enfance par nos parents respectifs, n’étions pas désignés à l’union par des astres bavards, ou alors personne ne nous avait prévenu. Nous étions des chimères colorées.

 

     Personnellement, à ce stade de la relation, il ne me serait même pas venu à l’idée de lui demander de garder mon chat un week-end, ou, si ça m’était passé par la tête, je ne me le serais pas permis. Je suppose que dans son incommensurable requête, il pensait naturellement qu’en appuyant sur le bouton « pause » les semaines seraient englouties et que l’on pourrait reprendre le spectacle 14 mois plus tard en réglant bien la programmation. C’est la seule hypothèse qui fasse que l’insensé ne devienne pas fou…

Mais moi, dans la mesure où je n’avais dégoté aux puces aucun caisson d’hibernation à qui confier mon corps le temps que celui de monsieur se régénère, je restais interloquée, profondément, par sa proposition.

 

     Tout proche donc, se trémoussait impatient dans les coulisses de ce foetus d’intrigue d’amour, le mot « Fin ». Je le sentais s’annoncer, tirer sur les bords du rideau de théâtre qui tardait à tomber, inévitable parce qu’il n’y avait plus de réplique qui vaille d’être placée. Je cherchais le souffleur du spectacle de la vie : la trappe était vide. Les cieux, en d’autres circonstances beaux parleurs, aussi : décidément, le scénario n’intéressait personne. Je me figeais, rancunière au destin, orgueilleuse comme nulle pareille : et puis non, mille fois non, je ne lâcherais pas mon sabre, je ne rendrais pas les armes à cette fichue fatalité.

 

     Au bout du tunnel temporel, mon cyber-amoureux me promettait…lui ! Tout simplement…

 

Franck, 15 juin

60 semaines, titre d'un bien mauvais film. mais pour moi, la réalité est là. j'ai accepté de me soigner, je suis dur au mal, j'ai de bonnes chances de gagner, je te demande quelquesoit la décision que tu serais amener à prendre (silence radio, prise de contact) de respecter mon demi anonymat jusqu'à ce que je sois guéri, please.

    encore une question, serons-nous un jour amants?

  pas facile, n'est-ce pas?

                  Une réponse: je tiens à toi. je me donnerai à toi, dès que je m'appartiendrai de nouveau. relis mes messages si tu les as encore, il y a de nombreux indices de ce que j'essayais désespérément de te révéler depuis, depuis?

                  Franck, le cachotier de taille

 

     Lui ! Enfin un futur qui ait de la conversation. Il se «donnerait à moi », je le voulais et le voudrai tout entier de part les semaines.

Se donner à l’autre…La formule était si féminine de renoncement à la résistance, d’abandon et d’aveux d’attente. Il se remettait à mes pensées protectrices pendant une lourde année, pensées suggestives parfois, assez pour garder d’un doux remous l’envie à un corps d’être tout vivant. Il se glisserait, promis, après les 12 coups de minuit d’un compte à rebours repu entre mes mains, envieuses de douceurs reportées, et en moi enfin, dilapidant aux corps les énergies capitalisées secrêtement sous nos oreillers séparés.

 

     « Attends-moi 60 semaines et je serai tout à toi … ». Variante prononcée si souvent dans un téléphone qui me débusquait dans mon bain chaud, dans mes draps d’été, dans les rêves de mes nuits décalées par rapport à un autre hémisphère, aux autres latitudes qui accueillaient mon voyageur à la quête…à la quête de je ne sais pas quoi d’ailleurs. Variantes résonnantes, je les garde où elles se déposent. Chut…

 

     Franck m’a appelé le 20 ou 21 juin pour la première fois. J’ai fait quelque résistance muette mais peu pugnace à sa demande de délivrance de coordonnées téléphoniques. Avec elle, c’était définitivement la fin de tout anonymat pour ma petite personne et une exposition à un éventuel comportement harcelant. Oui, j’ai lu des histoires sur les méchants…

Du reste, au moment où Franck a formulé ses premières velléités dans ce sens, il en était encore à la thèse stricte et sans perspectives du « tu ne me verras pas, point final ». En ce cas, je répondais sourdement : « tu ne m’entendras pas ». Un point partout.

Le conditionnel, serment donné, du « je serai tout à toi si tu m’attends 60 semaines » a accordé aux échanges téléphoniques une sorte de statut hiérarchique intermédiaire entre le mail et la rencontre, entre l’écrit, et, si je puis dire, le toucher. C’était devenu une étape nécessaire dans une gradation de l’intimité de nos relations.

J’avais peur : je me savais virtuose du clavier. Mon encéphale adorait jouer de cet instrument. Mais les vocalises articulées étaient sans garantie d’effet. Quelques accidents cérébraux que je n’avouais pas, ou pas assez pour que Franck trouve à les relever, m’avaient amputée d’une aisance orale qui avait fait les beaux jours des oraux du bac et autres délices universitaires. Une bonne flopée de neurones asphyxiés plus tard, les vocables se dérobaient, se dissociaient parfois de leur sens de telle sorte que leur son me semblait sans rapport avec la chose désignée. Deux ans presque jour pour jour de training réparateur plus tard, je me méfiais encore de moi.

Cela dit, par fil téléphonique ou de visu, il faudrait bien un jour que je parle…J’acceptais donc avec hardiesse.

 

Franck, 21 juin 2001

Chère épuisée,

j'ose espérer que mon babillage téléphonique ne t'a pas rebutée. J'avais tant de choses à te confier, mais nous étions si inhibés par le moyen, la distance et la fatigue. Alors, laisse-moi déposer à tes pieds, mille pensées douces et apaisantes. Repose-toi, tu me parleras plus tard, si tu le souhaites toujours, je ne suis pas esclave de tes volontés et tu ne l'es pas des miennes, simplement deux humains sur la Terre...

         Franck, déjà bienheureux de te sentir blottie au creux de son oreille. 

 

     Ces premières paroles furent : « je ne sais pas comment tu te sens, mais moi mon cœur bat très fort ». C’était un matin de printemps, à huit heure moins le quart, un jour de semaine et à 15 minutes de mon départ au boulot. Il parlait dans le ronron ordonné du moteur de sa voiture ce qui sera très souvent le cas, et même toujours lorsque l’appel présageait d’un contenu émotionnel fort, positif ou négatif. Je ne sais pas pourquoi cette concordance, mais c’est un constat : peut-être pour ne pas placer toute son énergie dans un seul enjeu et se mettre en situation forcée de devoir diviser ses émotions pour moins en souffrir le cas échéant, et quoiqu’il en soit, affronter les affects avec un minimum d’engagement. Je dis cela connaissant les méandres de sa tragique histoire d’enfant malheureux, immunisé, croyait-il, contre les sentiments (j’en parlerai plus tard, bientôt…).

Mon cœur a moi se déchaînait sous mes côtes comme au travers des barreaux d’une prison. Je bafouillais aussi bêtement qu’il se peut en pareille situation, regrettais ce que je disais et encore plus ce que je ne disais pas.

Il me dit se rendre à son travail d’enseignant dans son collège par ce matin ensoleillé. Je sais tout juste d’une semaine que c’était faux...

 

     Le coup de fil s’installa dés lors chaque soir, dans un rituel renouvellé qui après une petite période de rodage, s’avéra aussi fluide et enjoué que les mails d’antan, mélange d’un sensuel sage, de suavité et d’humour taquin entrelacé dans les turpitudes du monde que nous voyions continuer de mener son trajet sous nos commentaires : les siens acres et un peu noirs, les miens, confiants et philanthropes.

 

 

He had a dream…

 

Toujours est-il qu’en date du 16 juin 2001, une semaine plus tôt, nous étions encore à une distance incommensurable de nous ; sans voix, sans visages, sans déclenchement d’un chrono humainement tenable.

Qu’est-ce qui a tout déverrouillé ? Un rêve, une audace…En voici les histoires.

 

 

Franck, 16 juin
Tu m'as fait plaisir, voilà. Tu m'as soulagé aussi, c'est vrai, qu'après tout en 60 semaines, il peut se passer tellement d'évènements... et 'qu'un regard" peut nous faire comprendre qu'une belle histoire n'aura germé que dans nos pauvres esprits tourmentés. Bien que tes analyses de mes rêves me sont pour le moins étonnantes, je t'en livre un qui m'a tourmenté durant les deux pauvres heures où j'ai consenti quelque repos: je viens dans ton antre, tu as les yeux bandés et poutant nous faisons connaissance, mon anonymat physique est sauf et quelques- uns de nos sens apaisés.

 

 

Franck, 17 juin

Je ne veux toujours pas que tu me voies dans mon état actuel, j'aimerais pourtant déposer un chaste baiser à ton front, si tu pouvais être atteinte de cécité en ma présence le temps que je me supporte à nouveau... j'ai noté tes cheveux, pas bien vu la clarté de tes yeux, j'ai compris les formes et les "rondeurs", j'accepte tout en bloc sans l'ombre d'une hésitation, jusqu'à ce que nos deux corps se confirment l'un à l'autre par l'effet de deux charmes, bien plus que de deux épidermes. Et s'ils devaient se rejeter, il nous resterait l'éblouissement d'un rêve, la chaleur des mots, un goût de paradis païen, une sensation d'éternité et le sentiment de nous appartenir quand même, malgré les six autres milliards, malgré le mouvement. Je nous vis en apesanteur, nos coeurs rythmant tout doucement le temps qui ne nous gêne plus.

 

     Etre sombre ou transparent.

Mon homme rêvait de l’invisibilité des films d’enfants, là où il n’est pas utile de regarder en coupable par le trou de la serrure pour profiter des interdits. Et si ça n’était pas possible, il serait comme le bébé roi qui faisait disparaître le monde en baissant les paupières, engloutissant dans son obscurité tout ce qui n’était pas digne de prétendre à l’existence.

Je découvrais avec étonnement les subtilités du rapport que Franck entretenait avec son corps : il ne me refusait pas sa maladie, ni l’appropriation de son corps malade, mais sa seule image, son contour sous le soleil, ses aspérités expressives…Etrange exclusivité accordée à la vue sur tout autre mode d’appréhension de son paraître qui aurait, pensais-je, bien du mal à résister à l’investigation des autres sens, toucher en tête de peloton, lui qui avait toujours bien des choses à dire en amour et dans la conquête des corps. Mais il est vrai qu’on a le droit de rêver ce qu’on veut…

L’estomac de mon malade avait déjà pour lui d’être emballé par les contours de son propriétaire, bien étanche dans un antre noir, et c’était bon signe pour l’homme qui se trouvait trop visible. Si la tumeur parle à la surface de son enveloppe, l’encre de ces tags sauvages n’avait sans doute aucune propriété phosphorescente…

 

     Je ne lu pas dans le premier rêve, mais le second n’avait guère besoin de la Pythie de Delphes pour interprète. Je me lançais dans une proposition folle : qu’à cela ne tienne, rencontrons-nous sans nous voir !

 

Moi, 19 juin

 

Cher Franck, 

   

    Je ne renoncerai jamais à te demander de me rejoindre, à rêver que tu sauteras du bout du monde dans le premier avion sur un coup de tête pour venir à mes côtés, à l'idée que tu puisses sur un songe d'été m'appeler au milieu de la nuit pour me dire : "j'arrive!". La vie est si imprévue, nous sans doute si surprenants. Si la nuit noire m'accueille, si tu me guides avec un bandeau sur les yeux, si l'on peut se deviner sans se voir...la formule me va, je la trouve même pleine de charmes. Soyons fous après tout. On est les rois du monde, on peut tout. Contorsionne ton imagination avec moi, promets qu'on s'inventera notre moyen d'être ensemble, que tu tomberas du ciel sans prévenir, que tu me surprendras d'audace.

 

Je ne forcerai pas la porte que tu m'impose, je la désintègrerai par la pensée. Fais-moi rêver, écris-moi des images, peints-moi ton univers pour que je ne sois pas seule. Détourne la Loire, dédie-moi le vent qui te frôle et me frôlera, dédicace-moi ta vie. Apaise-toi : je ne renoncerai jamais, mais je te prends où tu est. Je te fais confiance, je me fais confiance : bientôt tu seras convaincu que je ne suis pas une fille superficielle, que je te trouves beau quoiqu'il en soi et sans me forcer, que je puis me perdre dans tes yeux sans jamais regarder ailleurs, me coucher contre toi sans rien te demander d'autre. On a rien à se prouver.

 

    J'accepte cette dissymétrie : tu sais où je travaille, quel est mon bureau, qu'elle vue emplie mes yeux ; tu visionnes sans doute le petit bâtiment derrière la cours du collège où j'habite avec ma voisine §§§ ; tous mes levers de soleil sur mon site, un peu de ce que j'ai dans la tête; tu as mes yeux, cette photo de mon volcan déchaîné qui bouillonne lui aussi ; tu sais que je serai auprès de toi sur un mot donné à voix basse. C'est moi qui suis fragile et tu ne te seras jamais senti si attendu et désiré. Tu me manques aussi...

 

     Je pensais en formulant cette proposition insensée à ma pauvre mère qui se rongerait les sabots d’inquiétude si je ne l’avais pas habituée à taire ma vie depuis les prémices de mon adolescence conquérante ; aux cris aigus des copines de confidence, si j’en avais eu dans cette embarquée, bardées de coupures de journaux sur des pauvres filles victimes de sadiques sexuels…Mais j’étais seule, sellée dans un secret dés lors de toute façon trop fou pour être dit. Seul mon vieux compère §§§ informé de l’affaire déclara stoïque que si je devais mourir violée et étranglée sur la table de la cuisine, ce serait une belle mort, et le pire était qu’il le pensait profondément.

 

     En lançant ce défit si délicieusement malhonnête, je spéculais sur la réaction de Franck : probable qu’il n’ait peint ce rêve que dans un constat d’impossibilité absolue d’une rencontre, sans suggestion d’un interstice ; probable qu’il se défile, enchaîne les contre-arguments avec retour à la case départ.

 

     Non : il accepta l’idée d’une rencontre invisible sans délais et à vrai dire sans en faire grand cas, ce qui me déçut quelque peu. Zut alors, je venais tout de même d’inviter où il lui plairait un presque inconnu mâle aux pensée libidinales avouées par la nuit la plus noire de la galaxie, les yeux ligotés ! Mon audace imaginative devait être un plaidoyer en faveur de toutes les entreprises conquérantes féminines, un hymne à l’inventivité incarnée, à la prise de possession du destin. Et j’avoue être assez fière de ce coup-là.

 

     Voici donc le mot de réponse à Franck ; je l’aurai voulu clamé en alexandrins et en costume à queue de pie, mais il n’en fut rien :

 

Franck, 19 juin, message intégral

 cher oeil et silhouette sur le versant d'un volcan,

  j'ai enfin mis la main sur une pauvre photo d'identité que je t'envoie ce soir. Tu pourras écrire: "wanted" en tout petit sur une diagonale.

  J'aimerais entendre ta voix, si c'est possible bien entendu. Je suis enthousiasmé quand je te vois accepter une cécité forcée qui pourrais nous mettre à égalité. Une venue par chez toi n'est plus une lointaine chimère. arrêtons les détails lorsque tu le souhaiteras...

  Je me sens fatigué, je n'aime pourtant pas ce vocable mais là, il ne fait qu'un avec l'ensemble de mon entité. A tout de suite.

 

     Nous voilà donc d'un coup de baguette magique bien aiguisée transportés à travers le temps et bientôt l'espace, à nous inventer une rencontre, une pour de vraie, pour tout de suite, inédite parmis toutes celles vécues ou fantasmées de nos longues vies. Je ne le verrai pas, mais à part ce minuscule détail, il serait tout à moi...

A suivre…

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  à compter du 11 novembre 2003